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Henri nous relate une journée de son cheval !

Jusqu’au milieu du vingtième siècle la plupart des exploitations agricoles de la commune possédaient deux ou trois juments, qui avaient chacune un nom dont l’initiale correspondait à son année de naissance. Les poulains naissaient au printemps. Une ou deux pouliches, en élevage en vue d’assurer la relève, complétaient l’effectif.

L’écurie, au sol pavé, se trouvait très souvent implantée au pignon de la maison d’habitation. Les cloisons de séparation des stalles étaient fréquemment constituées de grandes dalles de pierres. La nuit, les mouvements des sabots des chevaux sur le pavage ou contre ces cloisons, mettaient en éveil le paysan en cas de maladie de l’animal ou de naissance imminente d’un poulain.

De bon matin, en été, les chevaux recevaient une bonne ration de trèfle alors qu’en hiver betteraves, fourrage et avoine étaient au menu. Le soir l’ajonc broyé garnissait les mangeoires. L’entretien journalier du cheval ne se limitait pas à l’alimentation. Un bon pelage nécessitait que l’animal soit étrillé régulièrement.

Dès le lever du jour les chevaux étaient harnachés, les outils chargés dans la charrette à roues ferrées, et le convoi prenait la direction du champ.

Travail laborieux, tant pour les bêtes que pour les hommes, les labours nécessitaient souvent l’entraide entre voisins. Tirer une charrue pouvait imposer que trois juments conjuguent leurs forces. En effet, deux chevaux attelés en couple, guidés par l’homme qui conduisait l’outil, suffisaient à tirer "an troer", (du verbe Breton : treiñ = retourner, crêpe, foin, matelas), charrue qui effectuait un décapage de la première couche de terre. Par contre, il en fallait trois pour assurer le passage de la seconde machine, "an tumper", (du verbe Breton : tumpañ = verser, renverser), qui permettait de réaliser le réel labour en profondeur. Alors, placé en file, l’attelage était dirigé par le meneur de chevaux, "Kaser kezeg", équipier indispensable du conducteur de la charrue. Muni d’un fouet terminé par une petite mèche de ficelle détressée, il zébrait l’air de zigzags vigoureux, provoquant des claquements aussi secs que sonores qui stimulaient les bêtes en cas de besoin.

Vers dix heures, une petite pause permettait aux hommes d’échanger quelques mots en roulant une cigarette, et aux chevaux de retrouver leur souffle avant la reprise jusqu’à midi. Rentrés à la ferme, après un passage à l’abreuvoir, ces derniers retrouvaient leur mangeoire garnie comme le matin. Hommes et bêtes reprenaient, l’après midi, la tâche entreprise le matin.

En 1955, le scarificateur qui broyait la couche superficielle et la charrue réversible, le "Brabant", ont remplacé "troer" et "tumper".

Traînée, le plus souvent, par trois chevaux en file, le Brabant avançait dans le sillon et un seul homme maîtrisait le tout. Parfois une pouliche de deux ans était placée en seconde position dans la file. Encadrée par deux juments expérimentées, elle abordait ainsi l’apprentissage qui ferait d’elle, au fil des semaines, un cheval de labour accompli.

Cinquante ares de terre, "an dervez arat", (une journée de labour), étaient retournés en une journée. Ce demi hectare était aussi appelé "journal". Cette unité agraire de mesure de surface, enseignée à l’école jusqu’aux années 1960, était couramment utilisée dans le monde rural.

Le lendemain, la herse, "ar freuchou", passée en long et en large, nécessitait un attelage de deux chevaux. Un seul cheval tractait le rouleau, "ar ruiller", il en allait de même du semoir à six godets, "an adeureuz", pour emblaver.

Après l’effort, les animaux récupéraient leurs forces dans les pâtures.

Divers métiers étaient liés au cheval, à son entretien, à celui de l’outillage qu’il tractait.

Y.A. pour P.H.A.S.E.

(Nos sources pour cet article : Alain Méléard, "Bulletin de l’AMOPA" Yvon Le Berre, "Un siècle de cheval breton", Edition de l’Association : "Le breton et son cheval" Eugène Lunven Henri Cloître).