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Yvonne Pagniez (1896-1981)

Résistante, écrivain et journaliste française.

Yvonne Pagniez en 1949

Yvonne, est née à Cauroir le 10 août 1896, fille d’Auguste Pagniez, fabricant de sucre à Caudry et à Cauroir (1866-1921) et de Marguerite Risbourg (1869-1951)

Elle poursuit ses études secondaires jusqu’au baccalauréat et s’apprête à entreprendre des études supérieures au moment du début de la guerre de 1914. Lors de l’invasion du Cambrésis par les Allemands, elle quitte cette région avec sa mère et ses quatre sœurs pour se réfugier d’abord en Normandie, puis en Savoie. Son frère Maurice, mobilisé et grièvement blessé sera fait prisonnier et finalement interné en Suisse où sa famille le rejoint. Son père, retourné à Caudry sous l’occupation allemande, est arrêté en février 1915 sous l’inculpation d’espionnage. Incarcéré dans la forteresse du Quesnoy, il réussit à s’évader et, après avoir traversé la Belgique et franchi les barrages établis à la frontière belgo-néerlandaise, il finit par retrouver sa famille.

Yvonne, qui avait dix huit ans au moment de la déclaration de guerre, se consacre en Savoie à l’aide aux réfugiés des zones occupées. Ces activités ne suffisant pas à répondre au besoin qu’elle ressentait de prendre sa part des dangers et des sacrifices engendrés par la guerre, elle prend contact avec des officiers du 2ème bureau de l’armée pour proposer ses services. Elle suit alors pendant plusieurs mois une formation spéciale afin de la préparer à être envoyée derrière les lignes allemandes dans la région du Nord qu’elle connaît bien et à s’y livrer à des tâches de renseignement. L’armistice intervient avant la mise à exécution de ce projet.

Dès la fin de la guerre, elle s’emploi, avec des équipes de la Croix rouge, à aider à la réinstallation des réfugiés dans deux villes détruites, Rethel puis Cambrai. Elle entame ensuite à Paris des études de philosophie. En 1921, son père décède d’une crise cardiaque.

En 1925, elle épouse à Cauroir, Philippe Pagniez, médecin des hôpitaux. Plus âgé qu’elle d’une vingtaine d’années, il était le cousin germain de son père. En 1926, naît leur fils Yves.

Elle se consacre dans les années qui suivent à son rôle de mère de famille et d’épouse d’un médecin des hôpitaux. Elle participe en même temps aux activités de l’Union Féminine Civique et Sociale, association œuvrant en faveur de l’amélioration de la condition féminine.
C’est à ce moment que se situent ses premiers contacts avec la Bretagne, facilités par la présence à Brest d’un cousin par alliance, l’amiral Lequerré qui venait d’y prendre sa retraite et qui avait fait construire une maison au Trez-Hir, sur la commune de Plougonvelin. Elle découvre Ouessant dont les paysages de falaises, de lande et de rochers sauvages inspirent son premier livre, une description de l’île, de la mer et des tempêtes. Trois ans plus tard, elle publie « Pêcheur de goémon », un roman dont l’action se situe successivement à Plouguerneau puis dans l’archipel de Molène, sur l’île de Quemenès. Bien accueilli par la critique, le livre recueillit six voix au sein du jury d’attribution du prix Femina.

A l’approche de la guerre, Yvonne Pagniez prit l’initiative de créer un groupe destiné à prévenir les conséquences de possibles bombardements avec usage de gaz de combat dans l’agglomération parisienne. Les « équipes de chauffeuses et de chimistes de la Défense Nationale » devaient se rendre sur les lieux d’éventuelles chutes de bombes pour vérifier s’il y avait contamination par gaz et donner l’alerte.

Lors de l’avance des armées allemandes vers Paris, elle se met en rapport avec les officiers des services de renseignement qui s’apprêtent à être évacués et propose son concours puisqu’elle est décidée à rester à Paris avec son mari, médecin des hôpitaux. Dans la France occupée, elle crée alors peu à peu un réseau. D’abord rattaché au 5ème bureau clandestin puis à l’OCM-centurie. Ses ramifications s’étendent au Nord et notamment au Cambrésis, à la région parisienne et à la Bretagne.

Arrêtée par la Gestapo le 4 juin 1944, elle est déportée quelques semaines plus tard, le 15 août, par le dernier train qui emmenait des prisonniers en Allemagne.

Internée d’abord à Ravensbrück, elle est ensuite envoyée dans un camp moins étendu, à Torgau. C’est au cours du transport de retour vers Ravensbrück qu’elle s’évade. Après plusieurs semaines passées à Berlin où elle est aidée d’abord par une religieuse protestante allemande puis par des travailleurs français, elle est reprise à proximité de la frontière suisse avec une amie suisse qui l’escortait. C’est à Schwäbisch Gmünd en Souabe où elle avait été incarcérée qu’elle est libérée par l’avance alliée au printemps 1945. Les récits de sa captivité, de son évasion et de sa libération ont été publiés dans trois livres : « Scènes de la vie du bagne », « Evasion 44 » et « Ils ressusciteront d’entre les morts ».

Dès son retour en France, elle adhère aux premiers efforts entrepris en faveur de la réconciliation franco-allemande, notamment en faisant des conférences en Allemagne.

Après la mort de son mari, à l’automne 1947, elle souhaite à nouveau être présente sur les théâtres où opèrent les troupes françaises. C’est le cas en Indochine où elle fait deux séjours d’une demi année chacun au début des années 1950. Ses articles paraissent alors dans le « Journal de Genève », la « Revue des Deux Mondes », et « Les Etudes ». Trois livres sont le fruit de cette expérience : « Français d’Indochine », « Choses vues au Vietnam » et « Le Viet Minh et la guerre psychologique ». La même démarche la conduit quelques années plus tard à effectuer plusieurs séjours en Algérie, permettant la rédaction d’articles et de deux livres : « Françaises du désert » et « Ailes françaises au combat ».

A partir de 1958, elle élit résidence au Trez-Hir où elle demeure jusqu’à sa mort en 1981. Elle loue alors un petit appartement dans la maison de la famille Lemée, avec laquelle elle entretient, de longue date, des liens d’amitié, un lieu dont elle apprécie à la fois la beauté et la quiétude. Elle y partage son temps entre la lecture et l’étude. Elle reprend notamment la réflexion philosophique à laquelle elle n’avait jamais renoncé depuis sa jeunesse et achève en 1981 un livre intitulé « Ressemblance et effort ».

Yvonne Pagniez accordant un autographe à un jeune admirateur

Ayant cessé de conduire une voiture, elle circule à bicyclette pour ses courses et ses promenades et continue jusqu’à un âge avancé à pratiquer la pêche à la crevette dans les rochers. Ayant adhéré très tôt aux efforts entrepris pour la préservation et la restauration de l’abbaye de Saint Mathieu, elle s’y intéresse jusqu’à la fin de sa vie.

Une silhouette bien connue des Plougonvelinois

Excellente grand-mère, elle s’est beaucoup occupée de ses quatre petits-enfants qui ont gardé d’elle un souvenir très vif, celui d’une personnalité marquante et attachante.

Bibliographie

- Ouessant (Stock)
- Pêcheur de goémon (Plon)
- Scènes de la vie du bagne (Flammarion)
- Evasion 44 (Flammarion) réédité en 2009 par « Le félin »
- Ils ressusciteront d’entre les morts (Flammarion)
- Français d’Indochine (Flammarion)
- Choses vues au Vietnam (La Palatine)
- Le Viet Minh et la guerre psychologique (La Colombe)
- Ailes françaises au combat (La Palatine)
- Françaises du désert (Plon)
- Pêcheurs des côtes de France (SPES)
- Ressemblance et effort (Vrin)

Yves Pagniez, fils d’Yvonne Pagniez Plougonvelin – juillet 2012

Permettez-moi de rajouter qu’Yvonne Pagniez a été honorée du grade de sous-lieutenant. Elle a été élevée à la dignité de chevalier de la Légion d’Honneur et a été décorée, entre autres de la croix de guerre, de la médaille de la Résistance, de la médaille de la Déportation.

Suivant une attestation que j’ai lue dans les archives Berthelot-Le Goasguen, elle a été en relation lors de ses activités de résistance avec maître Henri Le Goasguen, alors, maire de Plougonvelin.

« Nous ne savons passer 1981 sans évoquer le personnage d’Yvonne PAGNIEZ et de sa bicyclette bien connue des anciens. Bien que nordiste de naissance, elle choisit Plougonvelin pour résidence. … elle décède à Paris cette année-là » rapporte le « Kannadig », le bulletin paroissial. Bien que de nombreux ouvrages et sites « internet » évoquent son personnage, aucun ne cite Plougonvelin qu’elle avait pourtant choisi comme lieu d’habitation, et où, son fils, ancien ambassadeur de France en Russie, vient toujours en villégiature dans sa résidence du Trez-Hir, ainsi, qu’au moins l’une de ses petites filles.

Ce goût pour le Trez-Hir avait été communiqué à Yvonne Pagniez par une parente à la mode de Bretagne.

Une cousine germaine de son père, Marie Pagniez, veuve, avait épousé en secondes noces, monsieur Hernandez, veuf également.

Ce monsieur, Marie Joseph Paul Hernandez, officier de marine, né à La Garde (83) en 1836, décédé en 1886, avait deux filles de son premier mariage avec Louise Marie Rivière, originaire de l’Ile Maurice, décédée à Carqueiranne (83) en 1877. L’une d’entre elles, Pauline Marie Emmanuelle, née à Toulon en 1867, est décédée à Plougonvelin en 1941.
Elle était l’épouse d’André Paul Marie Lequerré, contre amiral, né à Nantes en 1864, décédé en 1936 à Brest. Le mariage Lequerré/Hernandez a été célébré à Cambrai en 1891 où résidait la demoiselle Hernandez, chez sa belle-mère, après le décès de son père. Ce couple eut plusieurs enfants. L’aîné, Marie Joseph Paul Lequerré, né en 1892, est médecin (à noter la similitude de ses prénoms avec ceux de son grand père Hernandez) ; réfugié à Plougonvelin pendant la guerre 1939/1945 il rendra de grands services à la population locale, en particulier lors de la Libération.
Le cadet, Jacques André, officier de marine, né en 1894, est mort pour la France en 1919 dans un accident d’hydravion. La fille Paulette, née en 1896, a le même âge qu’Yvonne Pagniez.

Cauroir est situé dans la grande banlieue de Cambrai. Yvonne Pagniez s’était liée d’amitié avec les enfants de la fille de la « tante Hernandez », enfants de l’amiral Lequerré, lequel avait ses « quartiers » au Trez-Hir.

Rémy Le Martret

Président de P.H.A.S.E.

Autres références :

- La mairie de Cauroir

- Wikipédia