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Ce qui arriva à l’arbre de la Liberté de Plougonvelin

Le 25 juin1796.

Les arbres de la liberté étaient des symboles d’émancipation.

"Au début de la révolution l’usage s’établit de planter sur les places des communes des arbres qui devaient grandir avec les institutions nouvelles. L’exemple fut donné en 1790 par un curé du département de la Vienne, et dès 1793 il y avait en France plus de 60 000 arbres de la liberté. D’autres arbres de la Liberté furent plantés lors des révolutions de 1830 et de 1848, mais ces derniers furent presque tous abattus entre 1850 et 1852". (Dictionnaire encyclopédique d’histoire de Michel Mourre).

L’arbre de la liberté planté sur la place de Plougonvelin est saccagé. L’agent municipal (c’est le titre du maire à l’époque), Christophe Petton étant absent, c’est son adjoint A. Hall qui constate les dégâts. Deux rapports sont rédigés à un jour d’intervalle.

Le style ampoulé est celui de l’époque, mais ce sont des plaidoyers tant est si forte la crainte d’être suspecté de tiédeur dans le civisme et le zèle patriotique

Si la Terreur est passée, les élus sont frileux et apathiques. Ils ’survivent’ suivant .le joli mot de Talleyrand

et ont en mémoire le sort des 26 administrateurs du Finistère, accusés de fédéralisme et exécutés 2 ans auparavant, le 22 mai 1794, sur la ’Place du Château’ de Brest. Au cimetière Saint- Martin existe toujours un monument commémoratif. Le plus connu des suppliciés est Expilly ’premier évêque constitutionnel, élu par la voix du peuple à l’évêché du département du Finistère’.

Voici les relations faites par les citoyens Hall et Petton et consignées sur le registre des délibérations du conseil municipal de Plougonvelin conservé aux Archives du Finistère.

A la maison commune de Plougonvelin, canton du Conquet, département du Finistère, le 7 messidor, an IV de la République.

« Moi, A Hall, adjoint de la Commune, ayant entendu que l’arbre de la liberté de la place de Plougonvelin qui fleurissait au moins depuis un an avait été rompu jusqu’au milieu, je me suis aussitôt transporté à 7 heures du matin et il m’apparut que l’arbre avait été rompu la nuit précédente ; à mon arrivée je vis que le fait n’était que trop vrai.

Je fis des perquisitions pour découvrir les auteurs de cet attentat liberticide et aucun citoyen du bourg ne put me rien dire de positif.

Tout ce que je sus est que les canonniers de la garnison du fort de Bertheaume avaient la nuit de ce désastre cherché des marins déserteurs, mais je ne puis faire rejaillir le blâme totalement sur eux, puisqu’ils travaillaient pour le bien de la République.

Je fus avec eux dans une maison particulière chercher un déserteur à l’heure de minuit, et, en y allant nous passâmes par auprès de l’arbre de la liberté qui n’avait reçu aucune atteinte dans le moment ; cependant je ne vis personne debout au bourg, aussi je présume que le désastre n’est arrivé que quelques heures après minuit, et les auteurs, qui ne peuvent être que des malveillants, restent à découvrir.

Fait et arrivé le même jour, mois et année que dessus. »

Hall, Adjoint Municipal

« Le lendemain 8 messidor, an IV de la République, je, soussigné, agent municipal, me suis transporté à la commune de Plougonvelin pour voir par moi même si le fait avancé par mon adjoint était fondé, et d’après les perquisitions et les différents renseignements, je n’ai pu découvrir les artisans du désastre de l’arbre de la liberté.

Je me réserve à découvrir les auteurs et à les poursuivre comme des malveillants et des perturbateurs du repos public et à en donner connaissance à la direction du département.

J’observe que je n’eus vent de cet attentat que deux heures après midi, le 7 Messidor.

Occupé à l’administration municipale de mon canton où j’exerce provisoirement les fonctions de substitut au commissaire du pouvoir exécutif, je ne pus me rendre sur les lieux, à la commune de Plougonvelin, le même jour.

Le même jour, mois et an que dessus. » Petton, agent municipal.

Il n’est pas qu’à Plougonvelin que pareille chose frimaire an II sur la grand’place, fut arraché par un noctambule dans la nuit du 3 nivôse an VII. (1799).

La même nuit les arbres de St-Servais, Lampaulet Bodilis subissaient le même sort.

Dès le lendemain le désastre était réparé avec un cérémonial rehaussé en ampleur et en fastes par la présence de troupes de passage à Landivisiau.

Yves Chevillotte