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Rapport sur les sondages effectués en juin 2009

1 - Désignation du Site

Région : Bretagne
Département: Finistère
Commune: Plougonvelin
Cadastre: 1995. C.401.
Lieu dit: Toul al Logot
Numéro de site: 29 190 0022 Coordonnées Lambert :
x = 80194
y = 2395968
Programme 2006: 25 - 2006 25 Histoire des techniques, de la protohistoire au 18ème
Programme de rattachement: Bénévole

x

x x

L’opération de sondage a été autorisée par arrêté 2009 - 238 du Préfet de la Région Bretagne en date du 29 mai 2009 (annexe 1).

Le responsable scientifique désigné est monsieur Jean-Yves EVEILLARD, Maître de conférences (H) d’histoire ancienne, résidant à Plougonvelin.

Le propriétaire du terrain : Conseil Général du Finistère a donné son accord pour l’exécution de ces fouilles par sondage (annexe 2).

Les sondages ont été effectués dans la période du 1er au 30 juin 2009 par des bénévoles de l’Association PHASE.

Cette seconde campagne, qui a essentiellement concerné l’ancien corps de garde, vient compléter celle effectuée en 2008 qui avait concerné la terrasse d’artillerie et le magasin à poudre.

Des compléments ont été effectués en septembre 2009 à la demande du SRA de Bretagne et de l’architecte du patrimoine, désigné par le Conseil Général pour établir le projet de mise en valeur du site.

L’annexe 3 présente l’ensemble des sondages effectués sur le site en 2009.

2 – Données historiques

Un bilan historique a été dressé dans le rapport de la campagne 2008 en date du 30 avril 2009, il convient de s’y reporter.

Ne figureront donc au présent rapport que les compléments de recherches effectuées et les informations nouvelles obtenues.

2.1 - Cartographie :

Sans avoir pu trouver une information précise quant à la date de construction de la batterie, qui paraît antérieure aux actions développées par Vauban pour la protection du port de Brest, une série de cartes anciennes permet de jalonner son existence jusqu’à son démantèlement.

NB : Pour agrandir les cartes, cliquez sur les imagettes.

Carte N° 1 - " Carte de la baie de brest et des Environs depuis porsal juqu’à plemarq par le bocage boissaie hidrographe du Roy entretenu au service de sa majesté au havre 1684 "

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Carte marine datant de 1684, conservée à la Bibliothèque Nationale de France, réalisée par du Bocage et Georges Boissaye.

Les fortifications pour la défense du port de Brest paraissent peu développées ; seuls deux corps de garde sont signalés à Saint-Mathieu et Corsen.

Carte N° 2 - " CARTE DES ENVIRONS DE BREST Ou Sont Marqués les Batteries et Retranchements de la Coste " présumée 1688

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L’ensemble du système défensif du port de Brest paraît en place ; il s’agit, peut être, d’une anticipation sur les réalisations programmées car en 1688, date supposée de la carte, les travaux ne sont certainement pas terminés. Elle est, peut-être, consécutive au second passage de Vauban en 1688.

Le tracé est suffisamment précis et nous pouvons identifier, en particulier, les batteries de la baie de Bertheaume :

H - Batterie du Minou
I - Batterie de Toulbroch
L - Batterie de Ru-Vraz
M - Batterie de Tregana
N - Batterie de Toul Logot
O - Batterie de Kerarstreat
P - Redoute des Longs sablons
Q - Batterie de Saint-Yves
R - Fort de Bertheaume

A noter l’orientation inhabituelle de la carte avec le nord en bas de page.

Carte N° 3 - " Ordre du mouillage de l’armée navale dans la rade de Brest, mai 1693. Service historique de la Défense, département Marine, Vincennes ms 144-201 "

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La copie de cette carte nous a été communiquée par le Service historique de la Défense (antenne de Brest).

Il s’agit ici d’un extrait concernant la rade de Bertheaume.

Sur cette carte ne figure que les deux batteries verrouillant la rade, celle du Minou et le château de Bertheaume. Elle illustre bien l’importance de cette baie dans les manoeuvres de la flotte tant au départ qu’au retour.

En effet le passage du goulet, conditionné par l’orientation des vents et les courants de marée, se fait le plus souvent en individuel et la flotte doit donc se concentrer hors la rade de Brest avant son départ en campagne.

De même elle y mouille collectivement à son retour avant que chaque navire ne rejoigne son poste d’amarrage.

On comprend donc bien l’impérieuse nécessité de défendre fortement cette baie pour protéger la flotte au mouillage, toujours plus vulnérable, empêcher une implantation ennemie sur ses rivages qui nuirait gravement à la manoeuvre et protéger le port de Brest d’une attaque par voie de terre.

Carte N° 4 - " CARTE PARTICULIERE DES COSTES DE BRETAGNE Contenant les Environs de la Rade de Brest levée et gravée par ordre du Roy A PARIS 1693 "

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Carte extraite du Neptune Français - 1ère Edition 1693.

Reproduction exécutée par l’Etablissement Principal du Service Hydrographique et Océanographique de la Marine.

Plusieurs fortifications y figurent, mais ce sont les « pointes » remarquables qui sont surtout signalées, sans doute parce que la plupart sont équipées de batteries.

Pour la baie de Bertheaume nous trouvons ainsi :

- la Pointe de Penméan (batterie de Saint-Yves)

- la Pointe de Kaustreat (batterie de Kerarstreat)

- la Pointe de Souris (batterie de Toul Logot)

- la Pointe de Portez (batterie de Trégana)

- la Pointe de Treganen (batterie de Ru-Vraz)

A cette date les batteries paraissent donc réalisées.

Carte N° 5 - (Carte anglaise) " CHART of the ROAD of BREST with the new Fortifications " (vers 1694 ?)

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Carte semblant dater de l’époque de la tentative de débarquement anglo-hollandaise dans la baie de Camaret sur la plage de Trez-Ruz en 1694. L’espionnage était efficace.

Cependant toutes les batteries n’y figurent pas, en particulier celles défendant la baie de Bertheaume, par contre celles de la presqu’ile de Roscanvel sont bien complètes.

Carte N° 6 - " Carte de la côte de Bretagne aux environs de Brest après 1694. Service historique de la Défense, département Marine Vincennes ms 144-208 "

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La copie de cette carte nous a été communiquée par le Service historique de la Défense (antenne de Brest).

Cette carte représente bien le système défensif mis en place autour de la baie de Bertheaume, à l’instigation de Vauban, au moment de la bataille de Camaret en 1694.

On y voit les retranchements barrant les plages et les grêves permettant d’abriter les troupes destinées à repousser une tentative de débarquement, comme à Trez-Ruz, ainsi que les différentes batteries dont celles de Toul Logot, de Trégana et de Ru-Vraz (batterie de Plouzanné).

Carte N° 7 - " CARTE DE LA CAPITAINERIE GARDE COSTE DE BREST Par M de Quergadiou fils 1734 "

Carte conservée à la Bibmiothèque Nationale de France.

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Cette carte dresse un bilan assez complet des batteries assurant la défense du port de Brest ; à noter une inversion, dans la liste annexée, des deux batteries de Portmoulin (Toul Logot) et de Plouzané (Ru-Vraz).qui sont, par contre, bien positionnées sur la carte.

Carte N° 8 - Extrait de la carte dite de CASSINI 1750

Extrait de la grande carte de France établie par César François Cassini géographe de Louis XVI aux environs de 1750.

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Hormis les batteries verrouillant la baie de Bertheaume (Minou, Toulbroch et le château de " Bertthomm " ) seuls sont signalés les corps de garde de " Tembloguet " (Toul Logot) et de " Treganan " (Ru-Vraz)..

Carte N° 9 - " CARTE DE LA RADE DE BREST et celles de Bertheaume et de Camaret levée par Jacques Nicolas BELLIN, 1764 "

Carte établie par Jacques Nicolas BELLIN en 1764, conservée à la Bibliothèque Nationale de France.

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Cette carte ne fait pas l’inventaire des batteries mais positionne les pointes remarquables, sans doute parce qu’elles portaient des batteries, parmi lesquelles la Pointe de Penrmean, la Pointe de Kaustreat (Kerarstreat), la Pointe de Souris (Toul Logot), la Pointe de Portes et la Pointe de Treganen (Ru-Vraz).

Carte N° 10 - " Plan des forts et batteries depuis Brest jusqu’à Bertheaume, XVIIIe siècle, Service historique de la Défense, département Marine, Vincennes, ms 144-231 fonds Nivart "

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La copie de cette carte nous a été communiquée par le Service historique de la Défense (antenne de Brest).

Plan dont le tracé est assez imprécis, bien moins bon que les cartes précédentes, il pourrait s’agir d’un croquis relevé sur site.

Sur ce plan, outre les deux extrêmes du Minou et du château de Bertheaume, figurent bien les 3 batteries défendant la plage du Trez-Hir (Saint-Yves, la redoute centrale et Kerarstreat) la batterie de Toul Logot et celle de Trégana encadrant la plage de Porsmilin et la battetie de Plouzané, vraisemblablement Ru-Vraz, assez mal positionnée.

Carte N° 11 - " CARTE des Costes et Rades de Brest avec les Batteries et Forts " (fin 18e - début 19e ?)

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Carte assez touffue sur laquelle semble figurer la mention corps de garde dans la zone de Toul Logot, elle pourrait donc être postérieure à 1794-95.

Pour clore cette vie de la batterie de Toul Logot à travers " l’image " il convient de rappeler le premier relevé cadastral de 1841, les premières photos aériennes de septembre 1919 et le relevé du cadastre actuel fait en 2006, qui sont annexés au rapport sur les fouilles de 2008.

2.2 – Etat des défenses du port de Brest en 1694 :

Le 1er mai 1694, Vauban est nommé commandant de la place de Brest. Il se fait aussitôt présenter un état des défenses de la rade, du Goulet, et des extérieures.

Batteries à faire

Les photocopies de ces tableaux ont été réalisées à partir d’un article rédigé par le Lieutenant de vaisseau BINET paru dans la " Revue de Bretagne " année 1910.

La batterie de Toul Logot n’y figure pas, ni celle de Ru-Vraz pour Trégana.

Nous pouvons cependant nous demander, compte tenu de l’imprécision d’un grand nombre de noms, s’il n’y a pas eu confusion de désignation entre " Portmoulin " et "Toul Logot "d’ailleurs idéalement placée pour défendre l’accès à la plage de " Porsmilin ".

De même il est raisonnable de penser que la batterie dite de " Plouzanet " n’est autre que la batterie de Ru-Vraz, en effet à l’époque Locmaria était trêve de la paroisse mère de Plouzané.

L’examen de la carte N° 6 de l’annexe 4 semble confirmer cette hypothèse, les plages et grèves étant barrées par une levée de terre permettant d’abriter des défenseurs pour repousser une tentative de débarquement et les batteries étant nettement figurées, en particulier celles que nous venons de citer.

Ceci pourrait donc confirmer que ces deux batteries, comme toutes celles de la baie de Bertheaume, ont été construites avant 1694, en particulier sous la direction de l’Ingénieur Mollart.

Il convient de rappeler que la première venue de Vauban à Brest date de 1683, soit plus de 10 ans avant, et qu’il y est revenu en 1686. Ces constructions ont donc pu faire partie d’un programme initié auparavant.

2.3 - Enquêtes, études et témoignages :

Rémi Le Martret, président de l’association Phase, a effectué une étude sur la démographie de la commune de Plougonvelin à partir des archives municipales ; concernant Toul Logot il en a extrait une communication, ci après, présentée lors de la conférence du 27 novembre dressant le bilan des fouilles effectuées sur le site en 2009.

Histoires de familles en pays d’Iroise … et à Toullogot

Bien peu d’éléments nous permettent d’écrire l’histoire de la batterie de Toullogot, aussi tout document qui permet d’en faire résonner le nom nous est précieux.

Parfois les plus inattendus nous apportent quelques révélations. Il en est ainsi des registres d’état-civil que j’ai dépouillé tout au long de l’année 2009. Que nous disent-ils ?

Que Toullogot a été habité jusqu’à une époque bien plus proche de nous que nous le pensions au départ.

D’abord apparaît, dans un premier temps, un gardien : Christian THOMAS est donné comme gardien de la batterie de Toullogot, en 1794, lorsqu’il épouse à Locmaria, Annette PETTON. Il est dit, dans son acte de mariage, originaire de Sainte Marie aux Mines dans le Haut Rhin, âgé de 37 ans, (né en 1756/57) mais il est dit du canton de Surrieu en Suisse en 1799. Trois enfants naissent à mariage de l’une de ses filles à Locmaria avec Guillaume THEPAULT de cette commune. Il

n’est pas déclaré mort au décès de son épouse en 1823, également à Locmaria, mais c’est tout et je n’ai pas trouvé d’autres traces de ce personnage venu d’un ailleurs bien lointain avec, nous pouvons le penser, les troupes révolutionnaires qui se sont répandues en Bretagne.

Jean Baptiste DUCRE est un « né natif » de Plougonvelin mais son père, Jean,est né à Sugy, diocèse de Châlon sur Saône et il est tailleur de pierre lorsqu’il se marie en 1785 à Plougonvelen avec une fille du cru, Marie Perrine JAFFREDOU. En 1810, dans l’acte de mariage de son fils, Jean est dit gardien à Brest, puis à la naissance de ses trois premiers petits-enfants il est gardien à la Redoute (nom donné à la batterie des Longs Sablons … autrement dit, cette construction qui est

en plein milieu de la plage du Trez Hir) mais l’acte de son décès à Plougonvelin en 1825 le dit mendiant ; il a 68 ans. Il est vrai qu’après les guerres de l’Empire on a beaucoup démobilisé et beaucoup licencié et la Redoute est sans doute délaissée.

Jean Baptiste épouse donc en 1810, une morlaisienne, mais à Plougonvelen, Françoise le DRU. Il est alors canonnier garde-côtes. Ils auront de 1811 à 1819, 5 enfants. En 1815 il est dit caporal des canonniers garde côtes à la 39ème compagnie. Pour la naissance des deux derniers, 1817 et 1819, il réside à Toullogot et est dit tailleur de pierre comme son père. L’heure n’est plus à la construction dans le secteur

Le nom de DUCRE s’efface des tablettes de Plougonvelin hormis, le décès des deux fils aînés de Jean Baptiste, le premier Jean Marie en 1854 en Mer Noire, quartier maître à bord du vaisseau « Ville de Paris » (ndlr : ex Comte d’Artois, ex Ville de Vienne, ex Marengo, construit à Rochefort, sur cale en 1807, en service en 1851, … affecté à Toulon en 1851 … vaisseau amiral de la 1ère escadre en 1853 placé en cours d’année sous le commandement de l’amiral Hamelin – futur ministre – l’escadre de la Méditerranée prend le nom d’escadre de la Mer Noire en 1854 … dirige le bombardement d’Odessa en avril 1854 … 24 juillet une épidémie de choléra se déclare … 11 août tous les vaisseaux prennent la mer pour enrayer l’épidémie, le vaisseau a perdu 140 hommes … Jean Marie ne participera pas à l’expédition de Crimée qui débute en septembre …) , le second, Jean François Marie, en 1844 à Macao, matelot de la frégate « l’Erigone » (ndlr : construit à Saint Servan en 1832, en service en 1840, le bâtiment quitte Brest, sous le commandement du C.V. Cécille, le 28 avril 1841, de retour 37 mois plus tard le 4 juin 1844 ayant perdu plus de 60 hommes de maladies dans les mers de Chine) , sans qu’ils semblent avoir d’autre relation avec Plougonvelin que leur acte de naissance.

Depuis plusieurs années d’ailleurs, avait pris place à Toullogot, un autre « locataire » dénommé Alain PAPE. Né à Ploudiry en 1784, Alain se trouve en 1812 canonnier garde côte à Bertheaume. Comme un certain nombre d’autres militaires arrivés célibataires à Plougonvelin, Alain trouve l’âme sœur en la personne de Marie Anne MELLAZA, native de Plouarzel. Il est toujours canonnier Depuis plusieurs années d’ailleurs, avait pris place à Toullogot, un autre « locataire » dénommé Alain PAPE. Né à Ploudiry en 1784, Alain se trouve en 1812 canonnier garde côte à Bertheaume. Comme un certain nombre d’autres militaires arrivés célibataires à Plougonvelin, Alain trouve l’âme sœur en la personne de Marie Anne MELLAZA, native de Plouarzel. Il est toujours canonnier lors de la naissance de la fille aînée en 1813, mais à partir de la seconde naissance, en 1814, il est cultivateur, puis aide cultivateur et enfin journalier, appellations qui semblent indiquer un glissement irrémédiable dans l’échelle sociale confirmé au décès de sa dernière fille en 1836, elle est âgée de 3 ans, il est qualifié d’indigent. Les premiers enfants naissent au Tremeur puis au Trez Hir mais le 6ème naît en 1823, à Toullogot comme les 6 suivants et les deux derniers y décèdent en août 1836, âgés de 6 et 3 ans. Malgré 12 enfants dont 4 garçons le nom de PAPE disparaît des registres de Plougonvelin lorsqu’Alain décède en 1840. Il est alors dit « indigent résidant à la batterie de Toulogot ». Cette même année Jean, son fils aîné, décède dans la baie de Akaroa en Nouvelle Zélande, matelot embarqué sur la corvette de charge « l’Aube » (ndlr : construite à Saint Servan en 1832, de 800 tonneaux de déplacement, armée à Brest en 1836, année où, sous le commandement du C.F. Perrey ,elle porte des troupes à l’Ile Bourbon …). Malgré une situation économique manifestement difficile Alain hébergeait sa belle famille puisque le parâtre de son épouse décède à Toullogot en 1826, âgé de 68ans, natif de Ploumoguer exerçant, lui, la profession de mendiant.

Mendiante est aussi qualifiée Marie Olive KERGONOU lorsqu’elle y décède en 1855, à 45 ans. Son époux Jacques MODEST, natif de Ploumoguer, est aide cultivateur mais ne semble pas présent à la déclaration du décès faîte par un cousin de Marie Olive. Le couple s’est marié en 1834 à Plougonvelen et a eu 8 enfants de 1835 à 1850, au Cosquer, bien proche de Toullogot comme chacun le

sait. Que deviennent ces enfants ? La seule trace que nous ayons à Plougonvelen de la fratrie, est celle de Pierre Marie qui, engagé volontaire, décède en mars 1868 à Osaka comme matelot de 2° cl sur le Dupleix (ndlr : corvette mise en service en 1862, mixte … 1 hélice, 1 machine Indret 1 360 chx, voilure 1 403 m2 … part pour la Chine en 1862, retour et désarmée à Cherbourg en 1866, réarmée en 1867 pour le Pacifique (Cdt Dupetit-Thouars) quitte Hong Kong pour le Japon ..arrive à Yokohama en fev. 1868 … en oct 1868 sauve les hommes du HMS Ratler …). La dernière née, Marie Yvonne, épouse à Locmaria, en 1869, Claude CANN, son père semble toujours vivant. Une précision : Marie Olive est la sœur du maire, Yves KERGONOU, décédé en 1850. Au cadastre 1841, aucune famille KERGONOU n’est citée comme propriétaire.

Depuis combien de temps la place est-elle libre à Toullogot lorsque René MENGANT s’y installe entre 1869 et 1872, qu’elle peut être la salubrité de l’hébergement ? René est né à Plougonvelen en 1826. Il est cultivateur à Keledern, employé du couple BELLEC/CLOASTRE, les fermiers du lieu à cette époque, lorsqu’il se marie en 1852 à Plougonvelen avec Marie PIRIOU, native de Locmaria, mais domiciliée à Kerdivizien. C’est dans ce quartier qu’à son tour il s’installe puisque tous ses enfants, 7, naissent en ce lieu de 1853 à 1869. En 1872, décède à « Toul-al-Logot » la deuxième fille, Marie Françoise, elle a 16 ans. Quel évènement a entraîné le déménagement de la famille à Toullogot ? René connaît bien les lieux. Keledern n’est qu’à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de Toullogot. En 1894, c’est son dernier fils qui est dit résider à Toullogot et en 1896, son épouse, Marie PIRIOU y décède. Le nom des Mengant disparaît de Toullogot mais pas de Plougonvelin où nous avons trouvé des descendants de René.

Peu après c’est Jean Marie TREBAOL qui est installé à Toullogot. Il est né à Plouzané en 1861 et épouse à Locmaria en 1892, Marie Jeanne OLIER. Si l’aîné naît à Locmaria en 1894, les deux derniers naissent à Toullogot en 1900 et 1903.

Nous retrouvons l’aîné en1915 à Toullogot, marin d’Etat, il y décède à 21 ans. C’est le dernier acte de l’étude démographique entreprise qui mentionne Toullog

montrant ainsi que le corps de garde a servi d’habitation jusqu’à une époque bien plus proche de nous que nous le pensions.

L’histoire n’est cependant pas finie car nous arrivons dans la période où des témoins vivants prennent le relais des vieilles archives. C’est ainsi que Monsieur HERRY, de Kerouant, se rappelle que son père venait, avec ses chevaux, labourer

quelque lopin de terre à un dénommé TREBAOL, à Toullogot, lequel particulièrement démuni, louait régulièrement ses bras de ferme en ferme, y compris dans celle de Trohanet où était établie la famille HERRY.

Monsieur HERRY a épousé une demoiselle KERJEAN, Pauline, née en 1922, le jour où ses parents aménageaient la ferme de Porsmilin laquelle avait dans ses dépendances la batterie de Toullogot et plus particulièrement le corps de garde. Celui-ci n’était plus habité et devait être passablement délabré (une photographie aérienne, datant de cette époque semble confirmer l’état du corps de garde qui apparaît dépourvu de toit) puisque les parents de madame HERRY reçurent l’autorisation des propriétaires d’en utiliser les pierres pour construire à ladite ferme, la crèche du « cochon gras ».

En effet, la batterie avait été déclassée et vendue par les Domaines après 1841 (en fait 1847) (elle figure toujours en cadastre de 1841 comme bien de l’Etat) et avant 1922 puisqu’elle est comprise dans la location de la ferme de Porsmilin appartenant aux VILLEFERON. Elle sera vendue en 1958 par leurs héritiers, les COSTA de BEAUREGARD, à Monsieur SANQUER, enseignant à Brest, avant de revenir à l’Etat par le biais d’un achat du Conseil Général en 1984.

Elle versait alors dans l’oubli et disparaissait doucement dans une végétation luxuriante lorsque l’année VAUBAN, en 2007, vint rappeler à tous que nos prédécesseurs Plougonvelinois, de souche ou de passage, avaient été témoins et acteurs d’un épisode homérique du siècle « Louisquatorsième » et que des traces de leurs vies étaient encore tangibles. La batterie de Toullogot ressortait alors progressivement de son écrin de verdure pour mieux faire profiter d’un paysage exceptionnel que découvrent tous les jours les promeneurs du G.R. 34, grâce à une équipe de bénévoles et de chercheurs de l’association P.H.A.S.E. et de leurs amis.

2.4 - Exploitation d’archives de la commune de Plougonvelin :

Dans le bulletin municipal de janvier 1985, dans le compte rendu du conseil du 12 décembre 1984 figure la communication suivante :

ACHAT DE TERRAIN PAR LE DEPARTEMENT



Le service du patrimoine dépendant du Conseil Général se propose d’acquérir plusieurs parcelles de terre à Toul al Logot dans le but de créer une réserve foncière. Après étude sur place par des personnes avisées, le Maire fait savoir qu’il serait peut-être plus judicieux d’acquérir des parcelles en bordure de côte en d’autres endroits de la commune afin de protéger certains sites (vestiges). Ce serait le cas pour les secteurs ci-après :

- une partie des terrains de Toul al Logot

- Créachmeur (logette des gardes de côtes)

- Saint Marzin (ancien fort)

- jardin clos de Sainte Anne

Puis dans celui du mois de juillet 1985, dans le compte rendu du conseil du 14 juin 1985, figure la délibération suivante :

9) ACQUISITION DE TERRAINS PAR LE DEPARTEMENT

Le Département se propose de faire l’acquisition de diverses parcelles situées au Cosquer à Toul al Logot et Goarem en Aod afin de créer une réserve foncière.

Le Maire demande au Conseil de délibérer sur les trois points suivants :

_ 1) Accord pour l’achat des terrains par le Département

_ 2) Acceptation du recours à l’expropriation par le Département pour cause d’utilité publique

_ 3) Acceptation de la prise en charge par la commune de la gestion et de l’entretien des terrains.

Le Conseil donne son accord à l’unanimité.

2.5 - Exploitation d’archives de la commune du CONQUET :

Au cours de travaux effectués sur les archives du Conquet avant qu’elles ne quittent la commune, notre collègue Jean Pierre CLOCHON a pu relever les éléments suivants :

Conquet le 1er juillet 1791

Le commissaire des guerres de Brest prie Monsieur le Maire et Messieurs les officiers Municipaux de la ville du Conquet de vouloir bien donner leurs ordres pour qu’il soit pourvu au logement de 250 hommes du Second Bataillon du 39e Régiment ci-devant l’Isle de France qui arriveront demain 2 juillet. En vertu de l’ordre du ...... administratif, si la Municipalité du Conquet avait besoin du secours des autres municipalités ..... voisines, elle est autorisée à les leur demander, et il leur est enjoint de s’y conformer.

Le commissaire des guerres de Brest

(Voir annexe 5)
5 juillet 1791

Le Maire rapporte que :

monsieur de la Noë Sèche capitaine commandant les deux compagnies du 39e Régiment ci-devant de l’Ile de France, qu’il commande, a renouvelé le serment civique en sa présence et en celle des officiers municipaux sur la place du marché et l’a fait par écrit ainsi que ses officiers.
Je promets sur mon honneur d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de ne prendre part ni directement, ni indirectement, mais au contraire à m’opposer de toutes mes forces à toute conspiration tramée ou complot qui parviendrait à ma connaissance, et qui pourrait être dirigés soit contre la Nation et le Roi, soit contre la Constitution décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le Roi ; d’employer tous les moyens qui me sont confiés par les décrets de l’Assemblée Nationale, acceptés ou sanctionnés par le Roi, pour les faire observer à ceux qui me sont subordonnés par ces mêmes décrets. Consentant si je manque à ces engagements à être regardé comme un homme infâme ; indigne de porter les armes et d’être compté au nombre des Citoyens français.

Je jure également qu’attendu l’absence notoire du chef du Pouvoir Exécutif, j’obéirai et je ferai obéir par ceux qui me sont légalement subordonnés, aux ordres des corps administratifs, dans lesquels réside en ce moment toute l’autorité du Pouvoir Exécutif, en conformité du décret de l’Assemblée Nationale du 21 juin dernier.

Au Conquet le 4 juillet 1791

La Noësèche, capitaine commandant les deux compagnies du 39e régiment, détachées au Conquet

(Voir annexe 6)
10 juillet 1791

monsieur de la Noësèche capitaine commandant les deux compagnies du 39e Régiment ci-devant de l’Ile de France demande un cheval sur réquisition du sieur Du Faur, chirurgien au Conquet, pour conduire à Brest l’un de ses soldats malade ou blessé.

14 juillet 1791

Les troupes de ligne du 39e sont présentes devant la chapelle Saint Cristophe pour assister à la messe. Le capitaine commandant prête serment pour ses officiers et la troupe :

_ Je jure fidélité à la Nation, à la Loi, au Roi
Le citoyen Castillard, chef de bataillon du 24e Régiment, commandant la troupe stationnée tant au Conquet que celle placée dans les postes voisins, troupe ayant à sa suite 8 à 9 femmes sous la dénomination de prétendues blanchisseuses, je me suis donné la peine de l’aller trouver et de lui demander qu’est-ce qu’étaient ces femmes et quelles étaient les vraies blanchisseuses, afin de pourvoir à leur logement comme elles le demandaient. Il m’a répondu qu’il n’en savait rien. Lui ayant exposé que ces femmes étaient à la charge de la commune, qu’elles ne devaient pas être en si grand nombre, je voulais voir leurs papiers, et que celles qui ne dépendaient point de son corps eussent à le quitter.

Le commandant s’est mis à me dire d’un ton insolent, que j’étais un malhonnête, un drôle, et à m’invectiver qu’il avait ménagé ma commune et qu’il ne le ferait plus et qu’il allait écrire contre moi au général.
1810

Lettre au sous-préfet :

Conflit entre le maire du Conquet et le chef de bataillon du 24e Régiment, commandant le 4e arrondissement au Conquet, qui veut faire traiter les soldats galeux dans une chambre au Conquet au lieu de les faire diriger sur l’hospice de Brest.
Brest le 9 juin 1823

Au maire du Conquet,

J’ai l’honneur de vous prévenir qu’un détachement composé de 2 officiers, 2 sous-officiers et 31 soldats tiendra garnison dans votre commune pour l’armement des batteries de la côte du nord. Je vous prie en conséquence de vouloir bien faire loger jusqu’à nouvel ordre les hommes qui se présenteront pour le service désigné ci-dessus.

_ Le sous-intendant militaire MARCHAN
Brest le 30 novembre 1823

Au maire du Conquet,

j’ai l’honneur de vous prévenir que 18 sous-officiers et soldats de la garnison de Brest partiront le 3 décembre à l’effet de désarmer les batteries de côte depuis ce point, jusqu’à Brest. Je vous prie de veiller à ce que les rations et eau de vie qui leur seront dues pendant leur séjour au Conquet, leur soient exactement servies. Le garde-magasin des vivres est prévenu de ce mouvement.

 Le sous-intendant militaire BOURGEOIS

Ces deux dernières lettres, ajoutées au rapport de 1793, viennent conforter la présomption que nous avions que l’armement de plusieurs de ces batteries de la zone n’était pas permanent, mais réalisé lors de périodes, plus ou moins longues, de crises.

En effet beaucoup d’entre elles recevaient leurs canons des réserves de l’arsenal de Brest qui devait veiller à leur retour régulier ne serait-ce que pour l’entretien et l’armement des nouveaux navires.

Par contre les affûts devaient rester en place comme l’atteste la lecture du rapport de 1793 avec les problèmes de conservation et de vétusté que cela entraînait.

Après cette année 1823, il ne semble pas que ces batteries aient été réarmées jusqu’à leur déclassement définitif et leur vente par les Domaines en 1847.

Ainsi, Le Conquet fut longtemps " ville de garnison " pour les troupes assurant l’armement des batteries côtières de la zone ce qui explique la présence des boutons d’uniformes trouvés à Toul Logot lors des fouilles en 2008 et 2009 ( 24e et 38e mais rien, pour l’instant, sur le 39e )

Par ailleurs dans les " Cahiers de la Mairie " on trouve la mention suivante :

En 1849, 2 foires, 10 mai et 23 septembre 

1 grand marché 1er mardi de juillet 

Marchés ordinaires tous les mardis matin

_ Foires :

_ froment, orge, orge fromenté, seigle, chevaux, vaches, moutons, porcs, lard, graisse, sabots, fruits, tamis et cribles, beurre, œufs, laines, poteries de Lannilis, indiennes, mouchoirs, tabliers, petite mercerie. 

Marchés ordinaires, froment, orge, orge fromenté, seigle, lard, beurre et œufs.

2.6 - Eléments concernant les poteries de LANNILIS :

Sur le site Internet, extrêmement intéressant, du Comité d’animation de Lannilis :

http://www.animation-lannilis.org/index.php?page=la-fin-des-potiers

nous avons trouvé une série d’articles concernant l’histoire des potiers des landes de Lanveur, zone partagée entre les communes de Lannilis et de Plouvien.

Nous y avons en particulier appris le mode de vernissage à l’oxyde de plomb de la production de poteries qui s’est poursuivie du XVIe jusqu’au début du XXe siècle.

Lors des fouilles sur le site de Toul Logot en 2008 et 2009 nous avons trouvés de très nombreux tessons de poteries de ce type, à glaçure plombifère, qui pourraient donc provenir de ces lieux.

3 - Travaux effectués autour et dans le corps de garde :

Un débroussaillage complet de la zone au nord du GR34, préalable aux fouilles, a permis la mise au jour du " fossé " (muret) de pierres sèches limitant au nord l’ensemble de la batterie, tel qu’il figure sur le plan de 1817. Un renflement du terrain à 90° de ce fossé, en correspondance avec le muret découvert en 2008 à l’ouest du magasin à poudre, isole le corps de garde matérialisant ainsi, en bout du chemin d’accès initial, l’entrée sur le territoire de la batterie.

L’annexe 7 montre l’état du terrain avant et après ces opérations, avant le début des sondages.

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Sans avoir pu le maîtriser à aucun moment, un tiers équipé d’un sondeur d’objets métalliques a exploré le site à plusieurs reprises au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Un grand nombre d’objets, décrits dans le paragraphe sur les artefacts, nous ont été remis, sans que l’on sache si cela correspond à l’ensemble des trouvailles et sans aucune indication sur les endroits précis ni les conditions des découvertes.

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A partir du 2 juin, les zones de sondages ont été successivement ouvertes autour et à l’intérieur du corps de garde suivant le schéma figurant en annexe 8.

Le premier sondage - zones 10a et 10b (annexe 9) - a été effectué le long du mur sud à l’extérieur du corps de garde, en continuité des vestiges existants côté sud-est.

Il a permis de dégager un large seuil d’entrée ainsi qu’une marche d’accès, toute la base du mur sud, dont les fondations sont peu importantes, et l’angle extérieur du mur ouest. De nombreux gravats et pierres, provenant de l’effondrement des parties supérieures, ont été retirés.

A l’exception d’un bloc d’environ 30 cm x 30 cm x 50 cm, effondré sur le coin est de la marche, aucun élément des encadrements de la porte et de la fenêtre n’a été retrouvé non plus que les pierres de l’angle sud-ouest ( vraisemblablement prélevées par Monsieur HERRY pour bâtir une crèche à la ferme de Porsmilin ).

Un deuxième sondage - zones 11a et 11b (annexe 10) - le long du mur sud côté intérieur, en continuité de l’angle sud-est existant, a été ouvert.

Il a permis de finir de dégager le seuil de porte dégradé, des pierres ayant été prélevées, de mettre au jour une cheminée enserrée dans le mur ouest et un dallage continu depuis le seuil jusqu’à l’angle coin sud-est, environ jusqu’au milieu de l’espace intérieur.

Le conduit de la cheminée parait avoir été, au moins pour l’âtre, parementé de briques réfractaires dont des morceaux ont été retrouvés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Les déblais sont essentiellement constitués d’humus et de débris de mortier pratiquement sans pierre ; dans cette zone, l’espace intérieur parait avoir été complètement nettoyé.

Trois autres sondages ont ensuite été lancés parallèlement :

Zones 12a et 12b ......................... le long du mur nord coté intérieur
Zones 13a et 13b......................... le long du mur nord coté extérieur
Zone 14 ...................................... le long du mur ouest coté extérieur

Pour la zone12 (annexe 11), un sondage a d’abord été conduit pour retrouver la base du mur nord et l’angle nord-ouest ; les déblais, importants, sont constitués par l’effondrement du mur nord ( pierres et débris de mortier ).

Au cours de l’enlèvement ont été retrouvés les restes d’obus, manifestement d’exercice ( a priori deux car il y a deux éléments bagués ) dont un corps assez complet était fiché dans le coin nord-ouest.

Ces obus ont vraisemblablement provoqué l’importante brèche que nous pouvons voir dans le pignon sud.

Ceci accrédite des éléments de souvenirs d’habitants des environs disant que, pendant l’occupation allemande, le corps de garde a servi d’objectif pour le réglage des batteries côtières et l’entrainement des artilleurs. L’axe de la trajectoire parait correspondre avec les batteries de la presqu’ile de Crozon, en face, et notamment celle de la pointe du Gouin.

Nous pouvons cependant douter de nombreux tirs car sinon le pignon aurait été complètement détruit ; il s’agirait plutôt, peut-être, d’un tir malencontreux qui n’a pas été renouvelé.

Par la suite l’ensemble de l’intérieur du corps de garde a été dégagé en partant du niveau du dallage retrouvé ; dans cette seconde partie, le dallage n’est pas continu mais la présence de dalles éparses permet de penser que celui-ci l’était dans tout l’ensemble.

Plusieurs cavités dans l’épaisseur du mur à 80 cm du sol ont pu servir à la pose d’un châlit collectif pour la troupe ou la famille du gardien ; d’autres cavités à environ 2 m du sol dans le mur est ont pu servir à l’implantation de l’escalier et du plancher de l’étage.

Pour la zone 13 (annexe 12) un très important tas de pierres et de gravats provenant de l’effondrement de la moitié ouest du mur nord a du être dégagé. Cette destruction doit être postérieure à celle des deux autres murs, sud et ouest car les pierres importantes n’ont pas été prélevées ; cet effondrement est, peut-être, survenu après l’abandon définitif.

Au niveau du sol d’origine, sous le tas de pierres, le solin en plomb assurant l’étanchéité du joint toiture-cheminée, provenant de la destruction du toit, a été retrouvé.

Pour la zone 14 (annexe 13), le sondage a permis de retrouver la base du mur ouest et le niveau de sol d’origine, les déblais (pierres, débris de mortier et morceaux de briques réfractaires) proviennent de l’effondrement du mur ouest, contenant la cheminée, les pierres d’angle nord et sud ont été, presque totalement, prélevées.

Un dernier sondage, zone 15 (annexe 14), a été ouvert à l’extérieur du mur sud pour traiter un tas de gravats au pied de la brèche dans le pignon. Ce tas est essentiellement constitué de terre et de débris de mortier avec très peu de pierres. Il semble qu’il s’agit des restes de l’éboulement partiel du pignon provoqué par l’obus et évacué de l’intérieur par la brèche elle même après prélèvement des pierres.

Lors des différents sondages, dans les gravats, plusieurs tessons de poteries, moins anciens que ceux découverts en 2008, ont été retrouvés ainsi que de très nombreux petits morceaux d’ardoises provenant des restes de la toiture.

Cependant la totalité de la toiture aurait dû représenter un volume beaucoup plus important ; ceci peut laisser penser que les ardoises en état ont été récupérées de même que les éléments de charpente, du plancher de l’étage et de l’escalier dont il ne subsiste aucune trace.

Conclusion

Cette série de sondage a permis de dégager les vestiges d’un bâtiment solide et bien équipé (cheminée, dallage étage planchéier) propre à assurer la logistique de base, si ce n’est l’hébergement complet, d’une troupe en campagne desservant la batterie.

On peut comprendre qu’il ait aussi pu servir d’habitation pour la famille du gardien puis, par la suite, pour des familles d’indigents sans logis.

La construction de ce bâtiment a certainement été décidée après l’inspection faite en 1793, même si le rapport ne mentionne pas explicitement ce besoin puisqu’il parle d’héberger la troupe sous la toile (voir le rapport des fouilles de 2008). Elle a du être entreprise immédiatement après, en conséquence de la menace anglaise sur nos côtes, puisque la première naissance sur place d’enfant d’un gardien est enregistrée dès 1795 ; le bâtiment est, peut-être, habitable dès 1794 à la nomination de Christian THOMAS comme gardien puisqu’il peut se marier et héberger son épouse (voir l’étude de Rémi LE MARTRET en début de texte).

Le délabrement "soudain" entre 1915 et 1919 ne peut, semble-t-il, s’expliquer que par une vétusté générale de la couverture, sans doute peu ou mal entretenue après le déclassement du domaine militaire, rendant l’édifice totalement impropre à toute habitation.

Aucune trace d’incendie ni d’effondrement n’a été relevée.

Ceci pourrait signifier qu’il y a eu démontage des éléments encore réutilisables ; l’espace intérieur a été complètement nettoyé sans doute pour servir d’abri, au moins sommaire, aux animaux que l’on amenait paître en ce lieu.

4 - Sondages complémentaires :

Rapport de Jean-Yves EVEILLARD

4.1 - Zone 2c - le long du parapet ouest de la zone d’artillerie

Un sondage complémentaire au sondage 2c de 2008 a été effectué afin de vérifier si le parapet en terre de la terrasse d’artillerie était retenu du côté intérieur sur toute sa longueur par un muretin de pierre sèche. En effet, un lambeau constitué de grandes pierres de gneiss sur lesquelles sont posées d’autres pierres plus petites disposées à plat, est encore visible près de l’extrémité ouest du parapet (voir rapport 2008, p.5).

Dimensions du sondage : Longueur : 5,20m - Largeur : 1,40m

Ce sondage a donné des résultats très intéressants.

1) Il a permis de constater que le lambeau de muretin subsistant était constitué par de grandes pierres plates de gneiss (hauteur : 0,20 à 0,30 m ; épaisseur : entre 0, 05 et 0,10m) posées de chant et adossées au talus en terre. Au dessus, de petites pierres plates étaient posées à plat (hauteur subsistante : 0,20m). La hauteur totale du talus à cet endroit, sans doute assez proche de la hauteur originelle, est de 1,10m (annexe 15).

2) Dans son prolongement vers l’est, cette structure s’interrompt sur une longueur de 2,20m, puis apparaissent à nouveau de grandes pierres plates posées de chant, deux légèrement déversées vers l’intérieur de la terrasse d’artillerie, et une troisième encore en place. Devant celles-ci, l’on trouve d’assez nombreux moellons de plus petit calibre, provenant du muretin disposé sur le sommet de ces pierres plates, comme dans la partie conservée (annexe 15).

Conclusion :

Nous avons donc la preuve qu’une structure en pierre retenait le talus en terre, au moins à sa base, sur toute sa longueur.

L’ensemble (talus en terre + structure en pierre) reposait sur un sol-remblai d’une épaisseur de 0,40m constitué d’un mélange de petits moellons de gneiss, de terre et de fragments de mortier jaune, très caractéristique, provenant vraisemblablement de la démolition d’une construction maçonnée.

Ont été découverts devant le muretin en pierres et dans les terres ayant glissé du talus : un fond de vase en céramique à glaçure verte et un fragment de ce qui semble être une tuile faîtière dans le même matériau (annexe 16).

4.2 - Zone 7 - à l’extrémité est du parapet de la terrasse d’artillerie

Un nouveau sondage a été ouvert à l’extrémité est du parapet de la terrasse d’artillerie (annexe 17).

Il est situé derrière le plan incliné en pierre qui recoupe le parapet à cet endroit et le sépare d’une cavité située à l’est et que nous appelons « trou à moutons » ; en effet, une tradition rapporte qu’il a servi d’abri pour des moutons qu’on aurait amenés paître à cet endroit ( on y a retrouvé plusieurs morceaux de plaques d’éverite ondulées provenant vraisemblablement d’une couverture au moins sommaire ).

Dimensions du sondage :
Longueur : 3,20 m
Largeur  : 1,70 m
Dimensions du plan incliné :
Longueur : 2,85 m
Largeur : 0,40 m

Ce plan incliné est fait d’un bloc de granite de Trégana à la base et de plusieurs gros blocs de gneiss en direction du sud. Il semble a priori postérieur au parapet en terre qu’il recoupe.

Le but du sondage est de comprendre sa raison d’être.

Le sondage a montré que le parapet de la terrasse d’artillerie était bourré à cet endroit par un remplissage de pierres (granite + gneiss) et de gravats avec mortier jaune, dont un très gros bloc comprenant des ardoises prises dans le mortier. Ces gravats provenaient vraisemblablement de la démolition d’une construction et servaient, semble-t-il à renforcer le parapet à cet endroit.

La fonction du plan incliné n’apparaît toujours pas clairement, sinon de permettre l’accès au trou à moutons ?

4.3 - Zone 3f - à l’extrémité nord du magasin à poudre

Un mini sondage complémentaire a été effectué en 3f, à l’extrémité nord du magasin à poudre pour confirmer les découvertes faites en 2008.

Ce sondage a permis de remettre à jour les quelques pierres en place du pignon nord de ce bâtiment effondré à la suite d’une explosion qui a eu lieu pendant la Seconde Guerre Mondiale, ainsi qu’une pierre de seuil (annexe 18).

Ceci a permis de relever les dimensions exactes du magasin à poudre.

Longueur extérieure : 5,20 m
Longueur intérieure  : 4,45 m
Largeur extérieure : 3,30 m
Largeur intérieure  : 2,05 m
Largeur du pignon : 0,35 m
Largeur du seuil  : 0,20 m

5 - Artefacts :

Comme cela vient d’être mentionné à plusieurs reprises, un important volume d’éléments divers, trace des occupations ou des passages successifs, ont été récoltés tout au long des travaux de sondage :

- de nombreuses pierres de plusieurs calibres, certaines taillées, provenant ;de l’effondrement des murs du corps de garde, essentiellement vers l’extérieur à l’exception du mur nord, effondré des deux cotés, sans doute plus tardivement après l’abandon définitif ; elles ont été stockées au nord du bâtiment (annexe 19), en vue des travaux ultérieurs de mise en valeur du site.

- des éléments d’huisserie, à l’extérieur du mur sud ( gond de porte gond du volet de fenêtre, barre de fermeture ), (annexe 20).

- de nombreux clous, dont certains, plus anciens, étaient forgés, provenant de plusieurs éléments de boiseries ; les plus petits et les plus fins servaient à fixer les ardoises sur la toiture, (annexe 211).

- de nombreux fragments de crépis et de briques réfractaires parmi les gravats, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ; les murs étaient, au moins sommairement, crépis sur les deux faces intérieure et extérieure, le foyer de la cheminée et, sans doute, une partie du conduit, étaient chemisés en briques réfractaires (annexe 22).

- le solin en plomb assurant l’étanchéité du joint toiture-cheminée

(Longueur : 80 cm, largeur : 30 cm aux extrémités, 17 cm à la faîtière. Poids : 2,513 Kg) qui était fixé sur le toit par de gros clous

(annexe 23).

- des boutons d’uniformes et un reste de médaille (annexe 24) ; ils nous ont été remis par la personne équipée du détecteur magnétique sans préciser le point exact de découverte dans les alentours du corps de garde.

  • Petit bouton de manche, de poche ou de col de l’artillerie de marine.
  • Bouton, vraisemblablement de tunique, des équipages de la flotte,

Ces deux boutons attestent de la présence de canonniers de la marine, au moins pour la livraison des canons au moment de l’ armement de la batterie mais aussi, peut-être, pour assurer l’encadrement de la troupe pour le service des pièces.

  • Bouton, vraisemblablement de tunique du 38e Régiment qui a donc, lui aussi participé à l’armement de la batterie, peut-être en renfort du 39e plusieurs fois stationné au Conquet,

Ce bouton est à rapprocher de celui trouver en 2008 portant le monogramme 24 du 24e Régiment qui a, lui aussi, tenu garnison au Conquet.

  • Le reste d’une médaille, dont la forme rappelle celles remises lors des baptêmes, donc sans doute pour l’un des nombreux enfants nés là comme le mentionne l’étude de Rémi LE MARTRET.

- divers tessons de poteries et de faïences, en plusieurs points à l’extérieur du bâtiment ; des tessons de poteries anciennes identiques à ceux trouvés en 2008 mais aussi des éléments de grés et de faïences plus récents qui coïncident avec l’utilisation ultérieur du site (annexe 25).

- plusieurs morceaux d’une marmite en fer trouvés au pied du mur est (annexe 26).

- des restes d’outils et de fers à chevaux (pelle, faucille, panne de marteau) également remis par la personne équipée du détecteur magnétique ; vraisemblablement assez récents, ils sont les témoins de la vie ultérieure autour de ce bâtiment (annexe 27).

- des restes d’obus (au nombre de deux puisqu’il y deux bagues) de l’époque de la guerre de 1939 - 1945 qui ont provoqué la brèche dans le pignon sud ; aux dires des spécialistes, il s’agit de munitions d’origine française de calibre 75 m/m, le calibre allemand étant de 77,5 m/m et l’américain de 76,2 m/m (annexe 28).

Ceci n’exclut cependant pas un tir allemand, ceux-ci ayant largement utilisé armement et munitions trouvés lors de la débâcle en 1940. Mais il peut tout autant s’agir d’un tir français du début de la guerre en 1939 ou 1940.

Le fragment principal de calibre 75 fait 15 cm.de long et pèse 3,750 Kg.

- des douilles d’armes de guerre allemandes et américaines ou françaises de la guerre 39 - 45 - fusil, fusil-mitrailleur, revolver - identiques à celles retrouvées en 2008, ainsi que quelques balles écrasées, vestiges de tir, sans doute d’entrainement (annexe 29).

5 - Intervenants :

Sous la conduite de Jean-Yves EVEILLARD, responsable scientifique, les travaux ont été réalisés par les membres de l’Association PHASE de Plougonvelin :

Mesdames : Marie Louise CLOITRE -Joëlle DAGORN - Jocelyne LE GUEN - Bernadette LE RU
Messieurs : Yvon ALLAIN - Louis BIZIEN - Jean CHEVILLOTTE - Henri CLOITRE - Jean Pierre CLOCHON - Daniel LE GLEAU - Robert LE GUEN - Rémy LE MARTRET - Jean LUCAS - Jean Pierre LUNVEN - Pierrick NERZIC

Avec l’aide des « Amis du Patrimoine » de Plougonvelin

Claudine POULLAOUEC - Daniel DESHORS - Jean GELEBART - Eugène GUILLAMOT - Claude LE CAN

Au cours des travaux les équipes de fouilles ont reçu l’assistance de :

Mesdames

Dominique LIZERAND Architecte du Patrimoine mandatée par le (et ses assistantes) Conseil Général du Finistère pour élaborer le projet de mise en valeur du site.

Francine HIDRIO Fille de Mr et Mme HERRY fermiers à Porsmilin qui ont exploités les terrains de Toul Logot.

Messieurs :

Jean Yves BESSELIEVRE de l’Association V.P.M.,qui a effectué encore plusieurs visites du site.

Jean Pierre BARDEL du Service Régional d’Archéologie de Rennes, qui a effectué plusieurs visites d’inspection sur le site en fournissant de nombreux conseils.

Bernard JACQ Chef du Service Action Patrimoniale du Conseil Général du Finistère.

Jacques CITOLEUX Service des espaces naturels et des paysages du Conseil Général. qui assurent le "suivi propriétaire" des travaux, la conduite du projet de mise en valeur et les actions de sécurisation du site.

Que tous ces intervenants externes soient ici remerciés, leur présence et leurs actions ont soutenu les bénévoles dans leurs travaux et conforté leur motivation.

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Il n’est pas possible de clore ce chapitre sans une mention particulière pour les jeunes du Centre Social de Kerangoff à Brest, âgés d’une dizaine d’années, qui, avec leur animatrice, nous ont rendu plusieurs fois visite pendant les fouilles et ont sacrifié, le 1er juillet, un après midi de baignade pour participer à une initiation aux techniques de fouilles (annexe 30).

Rachel CLAEYSSEN Animatrice

Maëlig CARDINAL - Angela LE CLAINCHE - Marion LE GALL - Benjamin RAGUENES - Youna SEVELLEC - Alexia TECHER

Cet après midi passé avec eux fut un vrai bonheur par leur enthousiasme, leur sérieux, leur application attentive …….. de la vraie graine de chercheur.

6 - Perspectives ultérieures

Sur le plan des fouilles, il reste à explorer l’excavation de la carrière qui peut contenir des traces de la vie de la batterie et de sa construction, ainsi qu’à parfaire la mise au jour des différents murets clôturant le site.

Ce complément d’investigation pourrait être réalisé en juin 2010.


Le projet de mise en valeur du site, en vue de son ouverture au public, établi par les Services techniques du Conseil Général a pris corps (annexe 31).

Ce projet s’inscrit dans un programme commun avec la batterie des Abers à Lanildut.

Les premières réalisations pourraient commencer fin 2010 début 2011.

Dans cette attente les vestiges des murs mis au jour, corps de garde et magasin à poudre, ont été recouverts de bâches, mises à disposition par le SRA de Bretagne, pour les protéger des intempéries et empêcher le retour de la végétation (annexe 32).

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Plougonvelin

Le 12 mai 2010