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De Profundis... BDS
DE PROFUNDIS... morpionibus ... tra-la-la
J’eusse pu titrer également « La fin (non méritée) d’un serial killer » ou bien : « Encore une nécropole détruite à Plougonvelin » ...
Alea jacta est, pleurez bonnes gens, le BDS n’est plus.
A sa place, en ce moment, un jardin éphémère du souvenir, juste le temps d’y jeter quelques pétales de roses avant qu’il ne soit remplacé par une officine qui pourra, le cas échéant, soigner tous les bobos affectifs, cirrhoses, insomnies, etc... dont il a pu être à l’origine.
Une ancienne jeune, qui y a asséché, il fut un temps, une soif joyeuse (« honni soit qui mal y pense » comme dirait Elisabeth d’Outre-Mor-Breizh), ... un ancien « footeu » qui, à l’occasion de troisièmes mi-temps honorables, avait moult fois regagné le match qu’une deuxième mi-temps n’avait pas permis de terminer positivement ... et combien d’autres encore ... ont appelé mon attention en tant que responsable de l’association ayant pour objet le Patrimoine, l’Histoire et l’Avenir, les Souvenirs et l’Ecoute ...locaux bien sûr...si, si !
On m’a même dit qu’un certain édile, ancien chausseur de crampons, avait versé une larme, mais vous savez les « on-dit » !
Son sort, il faut le dire, en avait été jeté depuis longtemps ; la vox-populi, dûment avertie, avait, dans un « package » (anglicisme banal) électoral récent, décidé, entre autres, de celui-ci.
Mais ne pourrait-on pas sauver quelque chose, me demanda-t-on, avec des trémolos émus dans la voix ... le bar ? Peuf ! Ce n’était même plus celui qui avait été ciré par une multitude de coudes ... la Fleur de Blé (noir ? non Botrel se retournerait dans sa tombe) étant passée par là ... La cheminée monumentale ? Qui en voudrait ? Euh peut-être le nouveau propriétaire de la ferme d’Eugène à Saint-Mathieu pour une rénovation en bonne et due forme ?
Ah si ... un détail (de l’histoire ?) qui a, pourtant, échappé à beaucoup de plougonvelinois ... normal, quand ils rentraient ils baissaient la tête ... manquerait plus de se prendre un coup de linteau, la belle excuse en rentrant à la maison !
« Non, nulle bretonne, n’est si mignonne à voir
Que ma fleur de blé noir (Botrel) »
La Fleur de Blé –ex BDS –de nos jours.
Un détail qui n’a, cependant, pas échappé à tout le monde puisqu’il me fut rappelé mais un détail qui n’avait pas, non plus, échappé à ma curiosité puisque j’avais déjà sollicité depuis plusieurs mois l’intervention d’un élu afin qu’il fasse ce qu’il pouvait pour le sauvegarder du désastre à venir, tout en me disant que je me mêlais de ce qui ne me regardait que si peu, n’y a-t-il pas d’élus chargés des intérêts patrimoniaux de la commune ? Une place avait même été pensée pour lui : le jardin lapidaire de Keraudy ...bien occupé, c’est vrai, par les temps qui courent.
Et voilà qu’un jour récent, un appel téléphonique, une voix enrouée par l’émotion, me dit que la faucheuse ... euh ! ... que la pelleteuse était en action. un petit retard à l’allumage ce lundi matin, 12 avril 2021, et je me présente sur le chantier à 14h00 ... mon détail, abattu vers 11h00 de deux coups de pelle, était à terre, déjà enseveli dans un monceau de gravats tassés par les chenilles de l’engin de chantier. Le conducteur, personnage haut en couleurs, aimable et convivial, à qui j’ai exposé les motifs de ma présence et décrit le détail en question (photo à l’appui), ne s’en était même pas aperçu, ayant attaqué le pignon par l’intérieur. Ancien tailleur de pierre, amoureux et parfait connaisseur de ce matériau, il déplora, avec moult excuses, son inattention, n’étant pourtant, lui, en rien responsable. Il a porté le maximum d’attention lorsqu’il lui a fallu débarrasser le chantier des gravats. Une paille bien fragile dans une botte de foin ! Nombre de semi-remorques ont été nécessaires pour envoyer à Plougastel-Daoulas ces tonnes de pierres, dont certaines évidemment taillées, belles à souhait, étaient destinées à passer au broyeur pour en faire du tout-venant. Je me dois de préciser que le conducteur en était tout contrit ayant fait un tri des pierres qui lui avaient semblées récupérables ; en l’absence de consignes tout est parti y compris la pièce principale de mon détail.
Ah oui le détail ? La lucarne du BDS, un ensemble de quatre pierres, un appui, deux pieds-droits et un linteau en accolade qui fleuraient bon le XV° ou XVI° siècle. Pierre de réemploi possible, nous n’oublions pas que Plougonvelen, Lochrist, Le Conquêt, Trébabu ont eu à souffrir du dernier débarquement anglo-hollandais de 1558, mettant le pays à feu et à sang, le laissant exsangue t qu’il a, bien sûr, été nécessaire de reconstruire, d’où un réemploi possible.
Sans ignorer que certains ébénistes font encore de nos jours du Louis-Philippe, je me torture à souhait en pensant que cette pierre pouvait être une relique de ce temps passé.
Ce type de sculpture appartient au gothique flamboyant du XV°siècle .
Le BDS n’aurait-il eu que ce qu’il méritait ? N’était-il pas temps d’effacer de la mémoire collective ce haut lieu de perdition ?
J’ai essayé de faire une étude exhaustive. On m’a ri au nez. Feue la nécropole de Bertheaume ? Du pipi de chat à côté, « Ici, monsieur, vous ne pourrez jamais savoir combien de cadavres ont été générés en ces murs » ...
Histoire ... Souvenirs ? Je suis H.S.... et triste à la fois mais combien de Plougonvelinois(e)s se sentent-(elles) ils concerné(e)s par cette disparition ? par la disparition de leur patrimoine ?
.... morpionibus ... tra-la-la-la (chanson bien connue des carabins)... hips ! ...pour noyer mon chagrin, un exutoire en quelque sorte !
Rémy le Martret
président de PHASE
en ce beau mois d’avril 2021
P.S. : s’il y en avait, je suis preneur d’anciennes photos (non compromettantes !) et bien sûr d’anecdotes s’y rapportant ... pour compléter le dossier de recherches ouvert pour l’avenir.
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