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La nécropole de Bertheaume

A la suite du reportage passé sur FR3 Bretagne, le 4 novembre 2020, il semble qu’un mouvement d’humeur prenne de l’ampleur autour de ce qui est déclaré par le responsable des fouilles comme l’une des plus grandes nécropoles armoricaines de l’âge du Bronze : « Cette nécropole serait appelée à disparaître ».
On s’émeut de la non réaction de PHASE à ce qui est considéré comme la destruction programmée d’un site majeur.

Je vous propose un peu de chronologie pour éclairer cette affaire (...)

Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous avons la connaissance de sites archéologiques de premier ordre à Plougonvelin.
- Dès 1958, à l’occasion de la construction de deux pavillons à « Park Pen ar Run », trois tombes étaient découvertes.
- En 1962, c’est, à l’opposé, dans Gwarem Vian, qu’est découverte une autre tombe avec squelette.

Cliché gallia-préhistoire-1965

- En 1974, déjà, des fouilles préventives avaient été réalisées suite à la découverte de trois tombes préhistoriques, dans le cadre de l’aménagement de la rue du Plateau.
- En 1998, un diagnostic avait été mené par Yannick Lecerf en prévision de la constitution d’un lotissement sur les hauteurs de Bertheaume. Il avait confirmé la présence de tombes de l’âge du Bronze et avait conduit au classement des parcelles explorées, les plus au nord du lotissement.

Cliché Nicole Blot


Ce classement apparaît sur les plans cadastraux qui ont suivi avec la mention : « N – site archéologique – nécropole 1 AP ». Le commun des mortels pouvait croire qu’il s’agissait donc d’une réserve inviolable.

Emprise nécropole
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Courant octobre 2020, un riverain me fait connaître que des fouilles ont lieu du côté de Bertheaume. Je me déplace sur les lieux, je constate que le terrain est en majeure partie décapé et qu’une équipe de l’INRAP est à l’ouvrage. Je prends contact avec le responsable du chantier et ai le plaisir de faire la connaissance de Stéphane Blanchet dont la réputation n’est plus à faire dans le domaine et sa présence souligne l’importance que l’on donne à l’affaire dans le milieu des spécialistes en archéologie. Jean-Yves Eveillard comme moi-même, seront reçus de façon amicale et constructive sur le chantier. Des échanges de documents, d’informations s’en suivront.

Fouilles nécropole de Bertheaume 2020 (cliché Rémy Le Martret)

La distanciation des trois sites évoqués plus haut donne une idée de la surface que pouvait recouvrir cette nécropole dont la densité d’occupation au sol nous est donnée par les fouilles actuelles ; il n’est donc pas étonnant de la qualifier de « plus grandes nécropoles de l’âge du Bronze » connue à ce jour dans notre pays.

Fouilles nécropole de Bertheaume 2020
(cliché Rémy Le Martret)

Bien que ce chantier d’importance n’ait pas, à l’heure où j’écris et à ma connaissance reçu la visite d’édiles majeurs, il semblerait que la mairie ait été au courant de cette opération, difficile de faire autrement, toutefois j’ignore la démarche qui a été menée pour lever la « réserve archéologique ». Je regrette qu’une fois de plus, les responsables municipaux n’aient pas jugé bon d’intégrer à la démarche l’association locale qui pourtant a fait ses preuves en matière de patrimoine, ne serait-ce que par les fouilles qu’elle a, elle-même, menées à Toul-Logot, sur un terrain qui, il est vrai, n’était pas propriété communale mais n’est-ce pas là une opération touristique, culturelle et patrimoniale très intéressante à tous points de vue ... et à peu de frais ? Nous avons aussi, il ne faut pas l’oublier, retroussé nos manches pour maintenir à niveau ou redécouvrir nombre de sites patrimoniaux de la commune ... pour quel remerciement ? Avons-nous coûté à la commune ? Nous avons acheté sur nos propres deniers du matériel, une tondeuse, du carburant ... sans demander quelque subvention que ce soit ... la commune est pauvre !

Je rappelle également que Phase s’était déjà penchée sur l’histoire de cette nécropole et qu’elle apparaît dans son ouvrage collectif : « Bertheaume – Plougonvelin – Finistère – Un rocher témoin de l’histoire des hommes – association PHASE – OuestElio – Brest – 2017 », page 23 à 25.

J’ai, par le passé, rencontré les maires de cette commune pour exposer notre activité et l’intérêt que nous portions au patrimoine. J’ai été écouté poliment, j’ai même obtenu quelques promesses, mais c’est tout. La gestion de notre patrimoine, important sur notre commune passe, à mon sens, par l’élaboration d’un plan de mise en valeur global et la recherche de subventions, car, nous pouvons le comprendre, cette commune n’a pas les moyens ayant à assurer financièrement, dans son budget annuel, de lourdes charges venues d’investissements et de choix toujours discutés.

Il est certain que si nous avions été consultés nous aurions évidemment proposé l’acquisition par la commune des terrains concernés, ou pour le moins, le maintien du gel de ceux-ci à toute opération commerciale. De nombreuses voix se sont élevées dans la commune à l’occasion d’opérations touchant le patrimoine. Je suis évidemment ravi de voir des personnes s’investir dans une démarche de sauvegarde mais nous n’avons pas vu pour autant le nombre de nos adhérents augmenter (5 euros annuels) et nos effectifs continuent à s’éroder d’année en année.
Nous aurions aussi pu proposer l’aménagement du terrain pour la visite et la création d’un centre d’interprétation comme Christian Troadec l’a réalisé avec la ville romaine de Carhaix. Nous avons suffisamment de sites archéologiques dans le secteur, des artefacts et autres pièces ramassées sur ces différents sites pour les exposer. Il nous avait été promis ... à Bertheaume, il fut un temps ...
Nous aurions pu ...

Et maintenant que va-t-il se passer ? Lorsque le terrain aura été exploré et que les fouilleurs en auront retiré toute la quintessence, des tombes seront sans doute retirées, d’autres, peut-être, recouvertes de la terre d’origine. Des engins de chantier viendront non plus pour des fouilles mais pour des fondations de maisons (deux) – il ne faut oublier que ces deux terrains sont des propriétés privées – , des allées seront tracées et goudronnées, une pierre plate sera peut-être exhumée ultérieurement d’une plate-bande de légumes ... restera un rapport de fouilles particulièrement dense et copieux, des photos, ... et le souvenir de la plus grande nécropole de l’âge du Bronze à la pointe de l’Europe ... que les mânes de nos ancêtres reposent en paix ... et ne perturbent pas ...

La démarche ici est-elle illégale ? Je ne saurais le dire avec précision mais j’en doute. Malheureusement j’ai quelques expériences dans ce domaine. Nous pouvons comprendre qu’il est difficile de tout garder, de tout conserver mais ici, était-il nécessaire pour deux maisons de plus à Plougonvelin de détruire cet ensemble quasi unique ? Mon cœur saigne et je ne peux que regretter profondément de voir disparaître des témoignages inestimables.

à Plougonvelin en ce 16 novembre 2020
Rémy le Martret
président de PHASE

Épilogue  ?

Mercredi 21 avril 2021, Stéphane Blanchet, responsable des recherches à l’Inrap (l’Institut national de recherches archéologiques préventives), était présent sur le site du jardin lapidaire de l’espace Kéraudy, lieu qui a été choisi pour exposer six tombes, auprès de celle installée en ce lieu lors de le création du jardin en 2012 ( avec le soutien de l’association PHASE).

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