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Historique du site de Toul Logot

Située sur une pointe rocheuse entre les plages de Porsmilin et de Porski, cette ancienne batterie côtière, si elle n’a pas été édifiée par VAUBAN, a très certainement fait l’objet d’un réaménagement et d’un complément d’équipement dans les années 1680-1690 à son instigation et à celle de ses ingénieurs.


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Celui-ci fut en effet chargé par le Roi Louis XIV d’assurer la défense du port de Brest, principal port d’attache de sa flotte de guerre, contre les entreprises des Anglais parfois assistés de leurs alliés hollandais.
Après une première inspection en 1683, il fit entreprendre de très nombreux travaux d’aménagement dans toute la région, en particulier, pour ce qui concerne Plougonvelin, au fort de Bertheaume, et réarmer toutes les batteries, dont celles qui défendaient l’anse de Bertheaume.
En appui de ce fort, la batterie de Toul Logot empêchait tout mouillage de flotte ennemie dans la baie et tout débarquement de forces sur la plage du Trez-Hir qui était en outre battue par la redoute des Longs Sablons et ses deux batteries de flanquement nord (Kerarstreat) et sud (St Yves).
La bataille de Camaret en 1694, qui vit la défaite d’une force anglo-hollandaise débarquée sur la plage de Trez-Ruz, prouva l’efficacité de son dispositif. Le fort de Bertheaume et ses batteries en appui participèrent à l’action, tout spécialement, de l’aveu même des Anglais, par leur effet dissuasif.

Le rapport d’une inspection du 22 mai 1793 (AD 29 18C 98) fait état d’une batterie de six pièces, d’un magasin à poudre et d’une guérite en assez bon état :
"... Cette position est très avantageuse, pouvant fournir à la fois des feux directs vers le large et des feux biais qui se croiseraient d’un côté avec ceux du Château de Bertheaume et de la batterie de la redoute ... [des Longs Sablons - Trez-Hir] ... et de l’autre côté avec les feux de la batterie de Ruvraz dont le rétablissement est demandé.
Cette batterie pourrait être montée provisoirement de quatre pièces de 18 sur affut de côte en employant les deux pièces destinées pour la batterie de Porsmilin dont la commission reconnait le peu d’utilité et deux pièces de même calibre qu’on emprunterait à la Marine et qu’on pourrait monter sur les deux affuts de côte trouver de trop au Fort Cezon ...[Aber Wrac’h].
Cette disposition n’exigeant que 20 hommes pour le service ; une garde de cinq hommes coucherait sous la toile à cette batterie, le reste coucherait au corps de garde de la batterie de la redoute des Longs Sablons ou dans quelques maisons du voisinage ; le gardien de la batterie de la redoute servirait pour les deux..."

Un dossier complet a été constitué en 1817 par le Génie Royal (règne de Louis XVIII) il comporte :
- le plan général de la batterie avec des mentions topographiques,
- une coupe de terrain,
- un plan sommaire des bâtiments : corps de garde, magasin à poudre et guérite.

Copie de ce dossier.

Le corps de garde a donc été construit entre 1793 et 1817.
Les bâtiments ont toujours été entretenus aux frais de l’Etat, les parcelles sur lesquelles la batterie est implantée figurent au cadastre de 1841au titre du "Domaine de l’Etat".
Sur les registres des naissances de la commune sont consignés les naissances de 6 enfants, de 1823 à 1833, dont le père, Jean PAPE ancien canonnier garde-côtes, est domicilié à la batterie de Toul Logot. Ce même Jean PAPE, toujours résidant à la batterie, décède le 2 juin 1840.

Les progrès de l’artillerie ont rendu caduc ce dispositif et le 19 mars 1857 l’ensemble de la batterie est remis aux Domaines et vendu à des particuliers.
La petite histoire raconte que la dernière occupante du corps de garde, vers 1900, devait, faute de source à proximité, aller faire boire son unique vache au ruisseau de la grève de Porski à environ 1 Km.

Sur une photo aérienne de 1919 on peut voir que le corps de garde a perdu sa toiture, peut-être consécutivement à un incendie (à vérifier), mais les murs paraissent intacts ; par ailleurs on distingue le magasin à poudre nettement plus important qu’aujourd’hui et donc dans un état sans doute proche de l’initial, la guérite ronde isolée sur le chemin d’accès et plus confusément le parapet bien rectiligne ce qui laisserait supposer l’existence de son parement de pierres.

Entre 1940 et 1945, pendant l’occupation, la batterie servit de zone d’entraînement aux combats et aux tirs pour les troupes locales allemandes.

Le site a ensuite servi de pacage pour les moutons jusqu’à une date indéterminée (peut être vers 1955) puis totalement abandonné.

De la batterie de Toul Logot subsistent :
- une partie de la salle voûtée du magasin à poudre et la partie basse des murs de la guérite adossée,
- le pignon sud-est et la partie basse des trois autres murs du bâtiment principal du corps de garde,
- le parapet face à la mer, enserrant la terrasse d’artillerie, dont le parement interne de pierre a, quasi totalement, disparu,
- divers murets ou base de murets internes,
- l’ancien chemin d’accès à la batterie avec ses murets, aujourd’hui emprunté par le chemin de grande randonnée GR 34.
- le soubassement de la guérite ronde au milieu du chemin.

Le site offre un extraordinaire point de vue sur toute la baie de Bertheaume, le débouché du Goulet de Brest, la presqu’ile de Crozon et la mer d’Iroise

En 1984, lors de la création du chemin de grande randonnée, GR 34, le Conseil Général du Finistère a racheté l’ensemble des parcelles constituant l’ancienne batterie.

En 2007, dans le cadre de la commémoration du Tricentenaire de la mort du Maréchal de VAUBAN, une équipe de bénévoles de l’Association PHASE a entrepris de dégager le parapet de la batterie et une partie de la terrasse d’artillerie enfouis dans une végétation très dense. Ce premier travail a permis de montrer l’intérêt historique et touristique de ce site, la nécessité d’assurer sa conservation et sa mise en valeur en vue de son ouverture au public.
Un dossier en ce sens a été transmis au Conseil Général au mois de juillet 2007. Suite à une réponse favorable, la demande de sondage, préalable à cette mise en valeur, a été transmise en fin d’année au Service Régional de l’Archéologie qui l’a agréée.