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Les moulins à vent (Milinou avel) de Penn ar Bed

Dès la plus haute antiquité l’homme imagina des moyens pour broyer les graines de céréales, nécessaires à son alimentation, afin d’en extraire la farine.


A l’origine une petite pierre ronde tenue à la main permettait d’écraser le grain, soit sur une pierre plate, soit dans une petite cavité trouvée dans un rocher. Ce procédé se perfectionna avec l’usage de meules circulaires entraînées par la force des bras et ensuite par des animaux.
L’usage et la maîtrise de l’énergie des éléments naturels (eau et vent), pour créer la rotation des meules, marquèrent un tournant important dans la vie de nos ancêtres. Le temps gagné par l’utilisation de ces énergies permettra, avec le développement des cultures, de faire face à l’augmentation des populations.
L’origine des moulins est cependant obscure. Les moulins à eau apparurent probablement 2 siècles avant notre ère. Les Romains imaginèrent de les placer près des rivières et de faire tourner les meules en utilisant la force du courant par l’intermédiaire de grosses roues.

Au Moyen Age, l’usage de l’énergie hydraulique se généralisa et le nombre des moulins à eau augmenta rapidement.

Sur l’origine des moulins à vent les avis sont partagés. Certains pensent que les Croisés, à leur retour, ramenèrent l’idée des moulins à vent après les avoir découverts en Europe centrale et en Orient.

D’autres avancent que l’origine proviendrait de l’Europe du Nord. Leur développement date du début du XIIè siècle.

Dans notre région, l’homme s’adapta à son environnement ; il mit des ailes aux moulins là où il y avait du vent (près de la mer et sur les reliefs) et des roues à eau là où les cours d’eau étaient nombreux et parfois dans les estuaires afin de profiter du rythme des marées en enfermant l’eau dans un étang et en l’utilisant à marée descendante. Les moulins furent construits en bois, ensuite on utilisa la pierre, souvent en association avec le bois particulièrement pour les moulins a à vent.

En l’absence de document représentant un modèle de construction ( à part les petits moulins ouessantins) on peut imaginer les moulins à vent de notre région comme des constructions en pierre à base cylindrique ayant des formes trapues pour résister aux vents violents du littoral.

Milinou avel [1]
A Plougonvelin et au Conquet ces trois types de moulins ont été représentés au cours des siècles passés : de nombreux moulins à eau et à vent ont été exploités dans les vallées et sur les hauteurs ainsi qu’un moulin à marée sur la chaussée de « l’étang au Vicomte » (étang de Kerjean) (en réalité, à l’époque sur Trébabu) ; ce moulin était ancien et avait été donné par les ducs de Bretagne à l’abbaye de Saint-Mathieu ; sa destruction date des combats de l’été 1944.

Sous l’Ancien Régime les paysans devaient porter leurs céréales au moulin du seigneur ou de l’abbaye et ce monopole était régi par la Coutume de Bretagne. Le droit féodal de mouture fut supprimé, avec les autres privilèges féodaux, dans la nuit du 4 août 1789.

Un inventaire effectué par les commissaires nommés par délibération du Directoire du District de Brest, donne une idée des céréales cultivées dans notre région, en mentionnant le stock de graines existant dans les greniers de l’abbaye de Saint-Mathieu le 25 décembre 1790 à onze heures et demie du matin : du froment, du seigle fromenté, du seigle, de l’orge, de l’avoine, du mistillon [2], et des pois.

Le moulin était loué, souvent à un paysan, et le preneur n’était pas toujours le meunier, il y avait alors sous-location. D’après la Coutume de Bretagne, le prélèvement opéré par le meunier sur les grains à moudre était de 6%. De ce prélèvement, le seigneur propriétaire du moulin, qui avait à sa charge les réparations importantes, ne recevait qu’une partie, le montant de la location, le reste constituait le profit du meunier. Ce prélèvement entraînait des contestations qui ternissaient souvent l’image du meunier dans les campagnes.

La recherche et la localisation des anciens moulins à vent de Pen ar Bed a été effectué à partir de la micro toponymie (noms des champs) du cadastre napoléonien (1841), des documents anciens (aveux [3], transactions, etc. ) des cartes anciennes : Carte de Waghenaer (1580), Bachot (1624), Delavoye (1689), (Cassini (1750), Ingénieursgéographes (1771-1776), des relevés de côte (1818).

Il est frappant de constater l’importance des moulins à vent sur les cartes du littoral car ils étaient utilisés, au même titre que les clochers, en tant qu’amers pour la navigation qui s’effectuait surtout en vue des côtes. La carte de Waghenaer en dénombre une douzaine entre Le Conquet et Penmarc’h.

Après 1800 il n’y a qu’un seul moulin à vent qui ait laissé des traces visibles sur le terrain (Keronvel au Conquet) et qui avait encore une activité en 1841.


[1Moulin(s) : milin(ou) ; le moulin : ar vilin ; avel : vent ; moulins à vent : milinou avel

[2C’est l’équivalent du méteil qui est un mélange de froment et de seigle obtenu par la culture en mélange de deux céréales

[3Déclaration écrite remise par le vassal au seigneur décrivant les biens du fief