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Valentin Perrot (1850-1871)

Parmi les bretons du camp de Conlie

- l’association manque de photo et fait appel à toute personne qui pourrait lui en fournir une

Fils de François Marie et de Marie Guillemette PETTON, Valentin Marie naît dans une famille de cultivateurs du village de Gorrequer le 2 mai 1842, 2ème d’une fratrie de 8 enfants.
Son acte de décès est reporté sur les registres de la mairie comme étant mort le 8 janvier 1871 à Saint Calais, Sarthe, il est âgé de 28 ans et est mentionné « soldat ». Cet acte n’est enregistré à Plougonvelin qu’en mars 1874.
Il est célibataire. De ses frères et sœurs nous n’en connaissons que deux mariés avec enfants.

Jean né en 1853, marié en 1890 à Saint Renan avec Jeannic TYNEVEZ dont 7 enfants tous nés à Plougonvelin sauf l’aîné natif de Saint-Renan, l’un d’eux, Louis né en 1896, est tué sur le front en 1917.
Marie Jeanne, née en 1844, ne semble pas avoir d’enfant de son premier mariage en 1867 à Ploumoguer avec Yves LE GLEAU. Elle se remarie en 1871 à Plougonvelin avec Yves PETTON dont 7 enfants tous nés à Plougonvelin (Kerurès).

Saint Calais est distant de 40 kms du Mans, au sud-est. Conlie est dans la diagonale, à l’opposée, à 20 kms du Mans dans le nord-ouest.

A défaut d’autre information pour le moment, nous pouvons nous poser la question de sa présence à cet endroit. Est-il incorporé dans l’armée régulière, dans les mobiles de 1870, ou les volontaires Bretons ? A-t-il suivi les heurs et malheurs de l’Armée de Bretagne, recruté par le général de Keratry et que Gambetta laisse s’embourber dans la fange de Conlie ?
La situation est telle à Conlie que le général de Keratry démissionne. « …un vaste marécage, une plaine liquéfiée, un lac de boue. Tout ce qu’on a pu dire sur ce camp trop célèbre est au-dessous de la vérité … » écrit Gaston Tissandier après son passage le 15 décembre 1870. Keratry est remplacé dans un premier temps par le général le Bouédec et enfin le général de Marivault … c’est ce général qui, lors d’une première inspection se flatte de la volonté de ses soldats d’aller se battre : «  d’ar ger, ma général, d’ar ger !  ». Contrairement aux deux premiers celui-ci ne peut comprendre (d’ar ger = à la maison !).

Lors de la bataille décisive du Mans (10-11 janvier 1871) les lignes sont bousculées, Conlie tombe le 14 … le général Chanzy rejette la responsabilité de la défaite sur les Bretons … Les débris de l’armée de Bretagne refluent sur Rennes soulevant de la part de la population une vague d’indignation telle que l’on y trouve les ferments des mouvements de protestation modernes … Tristan Corbière, entre autres, exalte ce sacrifice inutile dans sa « Pastorale de Conlie », poème illustré sous le pseudonyme de Romanin par un certain Jean Moulin.

Valentin est l’une des 18 victimes plougonvelinoises de la guerre de 1870 … qui s’en souvient ? Nous !


Monument aux Bretons Plaque commémorative, apposée en 1971, en langue bretonne
1871 D'AR VRETONED TRUBARDET E KERFANK-CONLIE DALC'HOMP SONJ 1971

 [1]

De la chronologie des événements nous pouvons retenir que :
- le premier janvier 1871, le prince Frédéric Charles reprend l’offensive contre la 2ème armée de la Loire …
- le 8 janvier, le centre allemand arrive à Saint Calais où s’établit le prince, tandis que le grand duc de Mecklembourg, après avoir enlevé Nogent le Rotrou la veille, dépasse la Ferté Bernard … l’encerclement allemand se referme autour du Mans …
- le 11 les mobilisés de Bretagne, mal armés, mal approvisionnés, abandonnent le poste de la Tuilerie … ce qui déclenche la retraite générale … l’avance allemande s’arrête aux portes de Laval, stoppée par l’armistice … si quelques généraux crient à la désertion … on peut comprendre qu’avec des armes sans munitions adéquates les Bretons ne pouvaient résister à mains nues … merci Gambetta !

Sur cet épisode malheureux des relations franco-bretonnes, une abondante littérature est proposée aux curieux ainsi que des sites « internet » particulièrement intéressants.

Valentin n’est pas le seul de la famille à mourir pour la France dans cette désastreuse « guerre de 70 ». Guillaume Perrot, son cousin issu de germain, natif de Plouzané décède en 1871 à Caudé, étant lui « soldat mobilisé ».

Enfin et pour clore le paragraphe familial, Valentin est aussi cousin du 3ème au 4ème degré d’un certain Jean Marie Perrot, le recteur de Scrignac, assassiné en 1943.


Que la présente évocation puisse nous permettre, à travers la biographie de Valentin Perrot, d’honorer les Plougonvelinois dont les actes de décès, dans les registres d’état-civil de la commune, rappellent le sacrifice.

Registre NOM, Prénom Décès Age Lieu Situation Raison
1871 MINGANT Christophe (frère de Claude + nov 1870) 1870 ? 28 Allemagne - Graboa Soldat de 2° cl., 91° reg de Ligne Suite maladie
1872 GARS (le) Guillaume M. (frère de Joseph + 1870) septembre 1870 25 Metz – hôp. de Coislin Soldat au 44° reg de Ligne Par suite de coup de feu
1870 QUERE François M. octobre 1870 21 Brest - Hôp. mar. Soldat de la Garde Nationale, batterie d’Artillerie
1871 GARS (le) Joseph M. (frère de Guillaume M. + 1870) octobre 1870 24 Paris – hôp. mil. Saint Martin Voltigeur 1° cl., 1° reg de Voltigeurs de la Garde, 28° de marche
1871 MINGANT Claude (frère de Christophe + ? … 1870) novembre 1870 21 Paris – rue Mazarine, mairie 6° arr. Garde mobile, 1er bat du Finistère
1872 POULLAOUEC Jean M. novembre 1870 20 Rennes – hôp. mil. 2° servant au 7° reg d’Artillerie Par suite d’érysipèle de la face
1871 MICHEL Tanguy décembre 1870 20 Brest - Hôp. mar. Canonnier, 7° reg d’Artillerie à cheval
1871 LANNUZEL François janvier 1871 22 Roubaix – hôp. civil 2° soldat, reg des Gardes Mobiles du Finistère, 1° bat, 6° cie Typhoïde
1871 LEVEN Olivier janvier 1871 Saint Maurice – asile national de Vincennes 2° soldat, reg des Gardes Mobiles du Finistère, 1° bat, 6° cie Typhoïde
1872 QUERE Guillaume M. janvier 1871 23 Paris 9° arr, n° 16 rue Cadet, ambulance du Grand Orient Caporal
1874 PERROT Valentin M. janvier 1871 28 Saint Calais - Sarthe Soldat
1871 LERAULT Julien février 1871 24 Paris – ambulance mil. de la rue Dombasle Garde Mobile du Finistère, 3° bat, 3° cie Fièvre typhoïde et abcès iliaque
1871 COROLLEUR René février 1871 20 Rennes – hôp. mil. Soldat 2° cl., 97° reg de Ligne Fièvre typhoïde
1871 GAHAGNON Guillaume mars 1871 21 Paris – ambulance mil. de la rue de Clichy Soldat de la Garde Mobile du Finistère, 1er bat, 2° cie Fièvre typhoïde
1871 BOULCH Pierre M. août 1871 33 Toulon – hôp. mar. Quartier maître de manœuvre (époux de M. Chardonnet)
1871 QUERE Jean novembre 1871 21 Versailles – hôp. mil. Soldat 7° reg d’Artillerie, 17° batterie

Monument aux soldats et marins bretons – Brest (détruit)

Le 2 mai 2012, le Télégramme faisait paraître un article sous la signature d’Alain Boulaire :
« Après la guerre de 1870, une commission d’enquête parlementaire (*) établit le terrible sort qu’avaient subi les soldats de l’armée de Bretagne au camp de Conlie en raison de la défiance manifestée par Gambetta à l’égard d’une troupe dont il avait pourtant été à l’initiative ».

… Il note la bibliographie suivante :

- Jean Sibenaler, « Conlie. Les soldats oubliés de l’armée de Bretagne », éditions Cheminements.
- Frédéric Beauchef, « 1871, Le Mans, une bataille oubliée », éditions Libra Diffusio, 2010.
- Tristan Corbière, « La pastorale de Conlie », poème.
- Léon Bloy, « La Boue » dans « Sueur de sang », 1894.

Enfin, le camp a aussi inspiré des musiciens tels que Tri Yann (« Kerfank 1870 »), Red Cardell (« Conlie » dans « Album rouge ») ou l’auteur de « Loguivy-de-la-Mer » François Budet (« Le camp de Conlie » dans « Résurgences »). »


[1Crédit photos Conlie : Wikipédia